"J'ai un problème de santé qui réduit ma capacité immunitaire. Cela implique que je suis à risque par rapport au coronavirus", explique Kevin. Certificat médical à l'appui, le jeune homme obtient l'autorisation de sa hiérarchie de rester chez lui ces dernières semaines, en chômage partiel. "Elle n'a pas voulu que je travaille à domicile et m'a donc mis en RHT."
Une réduction d'horaire de travail, suivie d'une période de télétravail, qui a assez duré, selon l'employeur. Celui-ci demande à Kevin de revenir travailler en lui proposant des mesures de protection sanitaire, notamment un bureau individuel: "Cela aurait été idéal", regrette l'employé. Et d'expliquer qu'il n'a pas d'autres choix que de se rendre à son bureau en transports publics: "Mon médecin m'a vraiment mis en garde en me disant que les transports en commun étaient dangereux pour les personnes à risque. Il m'a donc conseillé de refuser."
Télétravail refusé
L'employeur reste toutefois insensible à cet argument, estimant qu'il a fait sa part de concession en offrant un espace de travail sécurisé. Kevin propose alors de pouvoir poursuivre son activité en télétravail, en vain. "Il l'a pris de manière négative et m'a plus ou moins menacé de me renvoyer si je ne faisais pas d'efforts de mon côté ces prochaines semaines." Il précise: "On m'a clairement dit par téléphone que je ne pouvais pas travailler depuis la maison les trois prochains mois."
Selon Kevin, le télétravail à long terme resterait pourtant possible. Les réticences, dit-il, sont surtout dues à la mentalité conservatrice de sa branche: "Je pense que le secteur en question a de la peine à s'adapter aux nouvelles technologies. Il y a vraiment un côté conservateur où travailler depuis la maison n'est pas vu comme étant efficace ou professionnel."
"Je suis très inquiet pour le futur"
Kevin vit actuellement dans l'incertitude. "Je vais attendre d'avoir des nouvelles de mon employeur pour voir si je peux faire du télétravail." Mais il ne se fait pas d'illusion et envisage de lancer des procédures judiciaires. "Je suis prêt à le faire car je ne veux pas mettre ma santé en danger pour un emploi. Je sais que si je fais valoir mes droits, ça pourrait me protéger à très court terme. Mais cela me sera reproché à plus long terme."
Il poursuit: "Je suis d'autant plus inquiet que la situation économique risque d'empirer ces prochains mois et que de retrouver un travail sera difficile. J'ai également des problèmes de santé qui limitent mes recherches d'emplois."
En attendant le dénouement de l'affaire, Kevin tient à montrer sa bonne volonté, tout en ouvrant d'autres portes. "Je passe beaucoup plus d'heures à travailler pour mon montrer ma motivation. Et à côté de ça, je fais une recherche d'emploi tous les soirs car j'ai peur de perdre mon travail."
*prénom d'emprunt
Propos recueillis par Etienne Kocher