"Ce n’est pas la profondeur de la crise, dit-il, c’est surtout la longueur de la crise qui est en train de créer une situation où le médicament devient un poison. Il faut développer le courage de rouvrir notre société, dans les différents domaines, et j’espère qu’on maîtrisera suffisamment rapidement le nombre des infectés pour avoir le courage de rouvrir", déclare-t-il dans une interview à la RTS.
Christoph Franz, qui a occupé des fonctions dirigeantes à la Deutsche Bahn, chez Lufthansa et chez Swiss, s’inquiète de l’état de la crise économique provoquée par la durée des mesures de confinement: "Prenez les restaurants, si vous fermez les restaurants deux mois, combien de restaurants vont rouvrir? Je crois que la plupart seront tout simplement en faillite. Et c’est exactement la même chose avec plein d’entreprises. Regardez une compagnie comme Swiss, et vous savez qu’elle est très proche de mon cœur. Je souffre tous les jours de voir que c’est une compagnie qui n’a plus de revenus et qui a seulement des dépenses. Et il n’y a aucune entreprise qui a un volume de liquidité pour survivre à une crise de cette longueur".
"Notre objectif: 100 millions de tests par mois pour accompagner le déconfinement"
Roche, géant mondial des tests de diagnostic, en plus de son activité de médicaments, estime que ses tests sérologiques sont une clé de la stratégie pour accompagner l’assouplissement des mesures de confinement: "L’ampleur va être de plusieurs dizaines de millions de tests par mois, mais on essaie d’augmenter pour passer rapidement au-delà de 100 millions chaque mois, d’ici l’été 2020. Ça permet justement d'accompagner l’assouplissement des mesures pour rouvrir la société, l’économie, la culture".
L’effet des tests sera aussi de modifier profondément la donne pour les personnes qui sauront avoir développé des anticorps, juge Christoph Franz: "Ce sera très important aussi pour la psychologie de la population. Que la personne testée et qui a développé des anticorps puisse se dire: oui, je suis résistant, j’ai des anticorps, j’ai une haute probabilité d’immunité, je peux travailler aussi avec des personnes vulnérables et le reste de la population qui doit aussi maintenir les mesures d’hygiène et de distance sociale dans les mois à venir".
Les soignants mais aussi les employés des maisons de retraite sont parmi les premiers exemples de ces personnes pour qui les tests sérologiques auront cette utilité, précise-t-il.
"Chloroquine: prudence avant d’employer le mot espoir"
Concernant l’état de la recherche sur les médicaments, Christophe Franz confirme qu’à ce stade aucune preuve n’existe sur l’efficacité d’un traitement, parmi les antiviraux ou les autres types de traitements qui existent. Interrogé sur les mots "grand espoir", que son concurrent Novartis avait employés concernant la chloroquine, il répond: "Je suis toujours prudent avant d’utiliser ce mot-là. Nous, on est une industrie qui est basée uniquement sur des informations scientifiques, et sur la preuve statistique. Attendons les résultats des essais et après on verra".
Roche mène en revanche des essais sur un de ses médicaments, l’Actemra: "On produit l’Actemra qui est utilisée par de nombreux médecins contre la pneumonie créée par le Covid-19. Là aussi, il n’y a pas encore de preuve mais des essais cliniques en cours".
Roche produit déjà une grande quantité d’Actemra, pour être prêt à répondre immédiatement à une très forte demande si les essais devaient confirmer une efficacité de ce médicament.
La question des tests et des traitements sera abordée lors du direct RTS Info avec Darius Rochebin et ses invités, mercredi 29 avril après 20h.
Darius Rochebin/jpr