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"On a besoin des autres pays, mais on en a peur aussi", relève Ignazio Cassis

La crise sanitaire apporte certains arguments aux adversaires de la libre circulation des personnes, a admis le conseiller fédéral Ignazio Cassis dans une interview à la RTS vendredi soir. Mais il y a des enseignements à tirer.

La crise sanitaire a montré que la coordination internationale ne va pas de soi, même si elle est indispensable, et que la fermeture des frontières peut se révéler nécessaire. Ces constats apportent de l'eau au moulin des adversaires de la libre circulation des personnes, reconnaît Ignazio Cassis: "Oui, une partie de la population verra sa thèse confirmée, et en même temps, une autre partie qui pense l'exact contraire trouvera aussi des éléments pour confirmer sa thèse".

"On a peur des autres pays et on aimerait que les frontières politiques soient des barrières contre le virus, mais on a aussi besoin de ces autres pays", relève Ignazio Cassis. Pour le conseiller fédéral tessinois, le marché des masques montre par exemple à quel point les Etats sont dans une gigantesque interdépendance mondiale. "Une crise d'une telle ampleur nous oblige à réfléchir à quelles conséquences il faut en tirer, en termes par exemple d'auto-suffisance à l'intérieur d'un pays, non seulement pour le matériel, mais aussi pour le personnel des hôpitaux par exemple". Mais on ne peut pas faire marche arrière en matière de mondialisation, estime le ministre PLR.

"Agence de voyage" pour rapatrier les Suisses

La crise du coronavirus a aussi contraint la Suisse à organiser la plus grande opération de rapatriement jamais mise sur pied par le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Près de 7000 personnes bloquées à l'étranger ont pu rentrer chez elles. "C'était une activité complexe et inédite. Il fallait donc s'inventer dans ce nouveau rôle d'agence de voyage, ce qui a demandé une réorganisation interne très importante", relate Ignazio Cassis, qui se dit "globalement satisfait" de cette action.

Quelques difficultés au début

Il y a pourtant eu quelques difficultés au début de la crise. On se souvient des Suisses de Chine qui ont écrit au DFAE pour dire qu'ils se sentaient abandonnés. "Bien sûr que lorsqu'on mène une action d'une telle envergure, il y a toujours quelqu'un qui peut ne pas être satisfait. Mais il faut rappeler que nous sommes dans une crise et il est difficile de tout faire correctement à 100%". Le chef de la diplomatie suisse précise que ses services ont aussi reçu des centaines de messages de remerciements de citoyennes et de citoyens qui étaient très contents de ce travail.

Pour expliquer le succès de cette opération de rapatriement, Ignazio Cassis souligne l'importance de la collaboration avec les autres pays, en particulier les pays voisins. Elle a permis d'organiser des avions ensemble.

Propos recueillis par: Mehmet Gultas

Adaptation web: Jean-Philippe Rutz

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Ignazio Cassis explique la volte-face sur la réouverture des magasins

Il était impossible d'expliquer la différence de traitement entre les grandes surfaces et les petits commerces. C'est pourquoi le Conseil fédéral est revenu en arrière de quelques pas cette semaine, justifie Ignazio Cassis.

"J'ai trouvé que c'était une décision tout à fait acceptable", a dit vendredi le ministre des Affaires étrangères dans l'émission Forum. Au lieu de pouvoir rouvrir entièrement dès le 27 avril, les grandes surfaces devront donc attendre le 11 mai, comme les autres commerces.

A l'image de son parti, le PLR, le conseiller fédéral souhaite, certes, relancer l'économie, mais il nuance: "Toutes ces réflexions se mêlent dans un délicat équilibre entre s'assurer de ne pas permettre à l'épidémie d'avancer et en même temps limiter au maximum les dégâts économiques que ceci cause".