Dans un entretien diffusé dans la NZZ, Marcel Tanner estime qu'il ne faut pas se faire d'illusions: il n'y aura pas de matches de football ou encore de grands festivals avant 2021.
Interrogé à ce propos dans l'émission Forum, le chercheur dit qu'il faut être raisonnable: "En ayant connaissance des dimensions épidémiologiques, on ne dit pas qu'il ne peut pas y avoir de matches de football professionnel, mais il n'y aurait probablement pas beaucoup de spectateurs. Car si l'on regarde ce que l'on sait, nous devons prévenir d'autres vagues. Il est important de maintenir la distance sociale et l'hygiène de base".
Aller pas à pas et voir
L'épidémiologiste croit en la stratégie de déconfinement en trois étapes du Conseil fédéral: "Nous pensons qu'il faut aller pas à pas et voir ce qu'il se passe. Je me réjouis de ce processus, car si nous allons trop vite et que nous nous retrouvons dans une situation où nous devons remettre le pays en confinement, cela nous coûtera beaucoup plus cher économiquement et socialement".
Dans ces propos, Marcel Tanner a également abordé la question de l'immunité collective qu'il considère comme un principe "important", mais là encore, la stratégie de déconfinement du Conseil fédéral lui semble être la bonne: "Si on laisse l'immunité collective se développer sans la contrôler, nous prenons le risque de surcharger nos hôpitaux. Elle se fera soit par des vagues de contamination, soit par un vaccin. En allant gentiment et en aplanissant la courbe, nous protégeons notre système de santé".
"Pas de vaccin avant 15 à 18 mois"
Aujourd'hui retraité, l'ancien professeur de l'Université de Bâle ne croit pas en revanche à la découverte d'un vaccin pour cette année: "Au regard de ce qu'il faut pour développer un vaccin, c'est impossible. Mais si tout va bien, sans problème, on pourrait en avoir un dans 15 à 18 mois", estime-t-il.
Quant à la question des masques pour tous, Marcel Tanner pense que cela n'est pas nécessaire, hormis dans les cas où les gens sont directement en contact comme chez le coiffeur. Il pointe notamment du doigt le manque d'expérience de la population suisse dans l'usage des protections: "En Asie, on grandit avec les masques. Chez nous, on commence à peine..."
Propos recueillis par Mehmet Gultas
Adaptation web: Jérémie Favre