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Le difficile rapatriement des corps des victimes du Covid-19

L’étoffe blanche des héros, 5e partie
L’étoffe blanche des héros, 5e partie / Mise au point / 13 min. / le 26 avril 2020
Des familles ne peuvent pas rapatrier le corps d’un défunt victime du coronavirus dans son pays d’origine. La Suisse l’autorise, mais certains cantons bloquent ces rapatriements pour des raisons sanitaires. Le canton de Vaud vient de changer ses directives.

A l’hôpital de Nyon, le père de Driton Rexhaj est resté plus d’une dizaine de jours branché à un respirateur artificiel. Malheureusement, le coronavirus a été plus fort. Son papa fait partie des quelque 300 Vaudois décédés du virus. Peu avant son décès, la famille a pu dire un dernier au revoir au défunt aux soins intensifs.

L’émission Mise au Point, qui diffuse chaque dimanche un reportage sur l’hôpital de Nyon, était présente. Driton Rexhaj souhaitait une chose: "Mon père a toujours voulu être enterré au pays, au Kosovo. On va tout faire pour cela."

Après l’annonce du décès, la famille Rexhaj entreprend les démarches pour rapatrier le corps au Kosovo. Une épreuve supplémentaire pour le fils: "La douleur de ma famille s’est encore amplifiée quand on a appris mi-avril par les pompes funèbres que le canton bloquait tout rapatriement."

Décision cantonale

Cette interdiction a été décidée par un arrêt des autorités vaudoises au début de la crise sanitaire. Une décision uniquement cantonale, car la Confédération n’interdit pas le rapatriement des corps.

Selon Danielle Voisard, membre du comité romand de l'Association suisse des services funéraires, "il n’y a pas d’interdiction fédérale. De nombreux cantons l’ont toujours autorisé durant la crise, d’autres pas." Toutefois, Danielle Voisard précise: "Le rapatriement de corps ne dépend pas que des directives du canton, c’est au cas par cas. Il y a également des éventuelles restrictions des pays destinataires."

Des autorisations au cas par cas

L’émission Mise au Point a contacté le canton pour comprendre cette interdiction de rapatriement. Dans un premier temps, Catherine Cossy, déléguée vaudoise à la communication du Département de la santé, explique que la crise sanitaire et la fermeture des frontières a contraint le canton à prendre cette décision. Le risque est d’avoir un corps bloqué durant le transit.

Un jour plus tard, la position du canton change. "Des instructions ont été données aux préfets pour qu’ils examinent avec bienveillance des demandes de dérogation dûment documentées et délivrent, au cas par cas, un laissez-passer mortuaire exceptionnel."

Pour Driton Rexhaj, ces nouvelles directives sont un soulagement. Le corps a pu être transféré vendredi à l’aéroport de Zurich, avant de rejoindre le Kosovo. La famille Rexhaj peut enfin faire le deuil après des semaines de souffrance face au coronavirus.

François Ruchti et Yves Godel

L’épisode 5 de Mise au Point consacré à l'hôpital de Nyon sera diffusé ce dimanche à 20h10 sur RTS1.

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