La session extraordinaire du Parlement consacrée à la crise du coronavirus se tiendra la semaine prochaine dans la halle d'exposition Bernexpo. Six jours avant l'ouverture des débats, les médias ont pu visiter les lieux entièrement aménagés.
Lors de cette session, le Parlement doit avaliser les décisions du Conseil fédéral et libérer un total de 55 milliards de francs. Mais il doit statuer en respectant les mesures d'hygiène et de distance édictées par l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), ce qui est impossible sous la Coupole fédérale.
Le prix à payer pour siéger en sécurité
A Bernexpo, les 200 élus du Conseil national prendront place dans un espace d'environ 5200 m2. Les 46 membres du Conseil des Etats disposent de 800 m2. La surface totale pour cette session extraordinaire atteint pratiquement la superficie d'un terrain de football.
Cet espace est nécessaire car, selon les services du Parlement, aucune disposition particulière n'est prévue pour les membres vulnérables du Parlement, du Conseil fédéral et de l'administration. Le port du masque n'est pas prévu tant que l'OFSP ne l'impose pas.
Le coût total de cette session s'élève à plus de 3 millions de francs, précisent les services du Parlement. La location de Bernexpo coûte moins d'un million, à quoi s'ajoutent des frais techniques et de personnel. Les coûts d'infrastructure et d'exploitation sont estimés à 500'000 francs. C'est le prix à payer pour que le Parlement puisse reprendre ses droits sans que ses membres ne mettent en danger leur santé.
Une session par vidéoconférence impossible
"La démocratie ne doit pas être évaluée par son coût, même s'il faut être vigilant avec les dépenses", affirme le président du Conseil des Etats Hans Stöckli. Le socialiste bernois souligne aussi l'importance institutionnelle du Parlement: "Il s'agit de la plus haute autorité dans notre Constitution, après le peuple bien sûr."
Une autre solution n'était pas envisageable, car la Constitution fédérale et la loi sur le Parlement obligent la présence de la majorité des membres des conseils pour des décisions valides, rappelle encore Hans Stöckli. "Et je ne peux pas m'imaginer qu'un Parlement puisse délibérer par vidéoconférence", ajoute-t-il.
"Nous devons discuter de la situation d'après"
"C'est une situation exceptionnelle en raison d'une crise exceptionnelle", relève pour sa part la présidente du Conseil national Isabelle Moret. "Nous étions obligés de nous expatrier, presque contre notre gré", estime la PLR vaudoise. L'essentiel est, selon elle, que le Parlement puisse tenir son rôle institutionnel. "Le Parlement représente la population, il doit débattre de cette situation."
"Le Conseil fédéral a extrêmement bien géré la phase de la crise sanitaire aiguë, mais cette phase est désormais passée. Nous devons discuter de la situation d'après", poursuit Isabelle Moret. Pour elle, il s'agit en particulier d'éviter une deuxième vague de contamination, de discuter de la gestion de la crise économique, de la reprise des activités et d'éviter une crise financière.
Pas de session sous la Coupole en juin
"Nous pensons qu'en juin la distance de deux mètres entre les parlementaires devra toujours être tenue, ce qui fait que nous ne pourrons pas siéger dans le Palais fédéral" lors de la session ordinaire prévue en juin, indique Isabelle Moret. Cette session pourrait aussi se dérouler dans les locaux de Bernexpo. Une décision doit être prise vendredi, selon Hans Stöckli.
Mathieu Henderson et Didier Kottelat, avec ats