Rencontres informelles entre le Ministère public de la Confédération (MPC) et la FIFA, méthodes critiquées, enquête disciplinaire accablante, réélection de justesse l'automne dernier et prescription des faits de la première grande enquête sur le football mondial: cela fait des mois que Michael Lauber est dans la tourmente.
Trois raisons pour une procédure
Membre du groupe du centre, Lorenz Hess fait partie de la commission judiciaire du Parlement qui peut justement lancer ce type de procédure. Et la situation n'est plus tenable aujourd'hui, estime le conseiller national, qui avance trois raisons pour expliquer sa décision.
"La première, c'est que nous avons depuis la fin du mois de mars le rapport disciplinaire qui confirme tous les reproches qu'on avait déjà évoqués lors de sa réélection", relève-t-il dans Forum.
"La deuxième raison, c'est la prescription de l'un des cas les plus importants du Ministère public de la Confédération des affaires FIFA. Ici, Monsieur Lauber a une grande part de responsabilité. Et finalement, troisième raison, les principes d'action de la commission judiciaire nous contraignent à ouvrir d'office une procédure de révocation quand de tels incidents ont lieu".
"Il y a suffisamment pour agir"
A propos de ce rapport disciplinaire, Michael Lauber vient de déposer un recours. Mais pour Lorenz Hess, il n'est pas nécessaire d'attendre de savoir si ce recours aboutit ou pas, car finalement, il ne change rien au principe des reproches. "Il y a suffisamment sur la table pour agir", dit-il.
>> Lire : Michael Lauber fait recours contre le rapport dénonçant ses manquements
Michael Lauber sera donc entendu par la commission, vraisemblablement après la mi-mai. Ses membres vont ensuite devoir se mettre d'accord sur l'ouverture ou pas de la procédure de destitution.
Le poids des affaires FIFA
"La commission aura certainement beaucoup de questions à poser à Monsieur Lauber", souligne Lorenz Hess. "On lui en a déjà posé beaucoup au moment de sa réélection. Ces questions sur les rencontres et l'absence de protocole, on ne va pas les reposer. Ce qui va être mis en avant, certainement, ce sera d'une part la prescription du cas FIFA qui est une petite catastrophe. Et d'autre part, on va certainement évoquer ces reproches qui ont été évoqués dans les médias concernant des correspondances et des discussions entre le MPC et la FIFA".
Le mot de la fin reviendra au Parlement. Lorenz Hess estime qu'une majorité pourrait le suivre et révoquer le procureur général de la Confédération. Selon lui, beaucoup d'élus ont changé d'avis depuis la réélection de Michael Lauber l'automne passé.
"Il en va de la séparation des pouvoirs"
Plutôt attentiste dans une précédente interview à Forum en mars, le conseiller national genevois Christian Lüscher relève que des faits nouveaux sont intervenus entre-temps. Mais il estime toujours qu'il n'est pas temps pour une action politique alors que Michael Lauber a recouru auprès du Tribunal administratif fédéral.
"Je pense qu'aujourd'hui il en va de la séparation des pouvoirs", explique le PLR genevois, également membre de la commission judiciaire, dans Forum. "Nous n'allons pas mener une instruction parallèle à celle du tribunal, sauf si le recours de M. Lauber ne porte pas sur les reproches qui lui sont faits, auquel cas le temps politique est venu de les analyser".
Camille Degott/oang
Vice-président de la commission sur la même longueur d'onde
Le conseiller national Matthias Aebischer (PS/BE) est lui aussi prêt à demander l'ouverture d'une procédure de révocation contre le procureur général de la Confédération Michael Lauber. "Ça ne peut plus continuer ainsi", a-t-il déclaré à la radio alémanique SRF.
Le Bernois est vice-président de la Commission judiciaire des Chambres fédérales, dont la sous-commission se réunit ce mercredi. "Si la sous-commission ne veut pas ouvrir de procédure de révocation, je le demanderai personnellement" lors de la prochaine séance de la commission plénière, prévue le 13 mai, a-t-il expliqué.