"Par rapport à la saison d'été qui va venir, les régions touristiques vont devoir se partager un gâteau bien plus petit, du moment que le tourisme international est au point mort. Nous allons devoir compenser plus de 50% de la demande que nous avons généralement sur la Suisse avec la clientèle helvétique", précise le chef de projet à l’Observatoire valaisan du tourisme.
Le Conseil fédéral devrait donner des pistes mercredi sur la réouverture des installations touristiques. Selon le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO), la situation ne se normalisera pas en juillet et en août. La population suisse devrait néanmoins pouvoir passer ses vacances dans le pays en tenant compte des mesures sanitaires.
Tirer son épingle du jeu
"Avec moins de clients attendus, il se peut qu'il y ait une concurrence accrue. Mais je ne pense pas que nous allons arriver à une concurrence exacerbée en Suisse parce nous sommes, hormis certaines villes, beaucoup moins orientés sur du tourisme de masse", explique Nicolas Délétroz.
Selon le professeur de la HES-SO Valais, des prestataires avec une offre bien positionnée pourraient tirer leur épingle du jeu durant cette période particulière. "Certains segments comme l'hôtellerie haut de gamme ou les hébergements insolites vont devoir faire face à une demande assez forte. Il faudra être imaginatif pour augmenter globalement l'attractivité du produit suisse aux yeux des Suisses", souligne-t-il.
Avec ses grands espaces et son authenticité, le Jura bernois, notamment, s'en sort plutôt bien: ces six dernières semaines, la région a connu des records d'affluence.
Les chiffres d'affaires ont fondu
Pour attirer les Suisses, les offres doivent-elles être moins chères? "Si les prix pouvaient un peu baisser, c'est quelque chose qui serait bienvenu dans cette période. Mais il faut pouvoir se le permettre surtout au moment où les prestataires ont besoin de réaliser un chiffre d'affaires et des marges qui leur permettent de survivre", indique Nicolas Délétroz.
La branche du tourisme est fortement touchée par la crise du coronavirus. Dans certaines régions, notamment les régions de montagne, elle représente jusqu'à 40% de l'économie. Les chiffres d'affaires du secteur ont fondu entre 80 et 95% depuis le début de la crise et pour 2020, les revenus pourraient chuter jusqu'à 35%.
"Nous allons sortir vendredi une nouvelle mouture d'une étude qui a été faite avec l'hôtellerie suisse et les restaurants sur l'ensemble du pays. Par rapport aux chiffres que nous avions trois semaines en arrière, les choses ont quelque peu empiré. Cela peut s'expliquer par l'incertitude, un facteur très dommageable dans cette branche. Les annonces qui seront probablement faites mercredi par le Conseil fédéral pourront peut-être provoquer un retour de tendance", estime le spécialiste valaisan.
Propos recueillis par Romaine Morard
Adaptation web: Guillaume Martinez