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La fumée dans les restaurant et les bars, c'est fini depuis tout juste 10 ans

10 ans que l'interdiction de fumer dans les lieux publics était décrétée, mais le taux de fumeurs reste élevé.
10 ans que l'interdiction de fumer dans les lieux publics était décrétée, mais le taux de fumeurs reste élevé. / 19h30 / 1 min. / le 1 mai 2020
Depuis 10 ans, le 1er mai 2010, les fumeurs ne peuvent plus tirer sur une cigarette dans un restaurant ou un bar. Ce secteur a craint d'y laisser sa peau tandis que les anti-tabac applaudissaient ce pas en avant sanitaire. Ces derniers aimeraient maintenant aller plus loin.

Un an après l'interdiction, 93,1% des membres de GastroSuisse se plaignaient d'un ralentissement de leurs affaires de l'ordre de 10%; les bars, les clubs et les discothèques allant même jusqu'à articuler 20%. Les chiffres de l'Office fédéral de la statistique donnent une tout autre image: le nombre de restaurants comme le chiffre d'affaires du secteur n'ont pas cessé de grimper.

Certains restaurants ont même profité de l'installation de coins fumeurs fermés. Des gérants expliquaient à l'époque que davantage de clients venaient manger à leurs tables et que chacune d'entre elles générait un meilleur rendement qu'auparavant.

Moins de crises cardiaques

Cette interdiction a commencé à faire effet sur la santé des Suisses. En 2008, les Grisons enregistraient 229 crises cardiaques et 242 en 2009. Un an après le changement de loi, leur nombre chutait de 22% à 183. Mais les opposants ont refusé de voir un lien entre cette amélioration "miraculeuse et étonnamment rapide" et l'interdiction de la fumée passive.

L'effet positif de cette mesure sur la santé des serveurs n'a lui pas pu être contesté. Un badge qui mesurait la charge toxique de la fumée a pu prouver que le personnel de la restauration inhalait autant de polluants en un quart d'heure de travail que s'il avait fumé cinq cigarettes.

Après l'interdiction, la charge toxique enregistrée était 16 fois plus faible et la santé du personnel est revenue au niveau qu'elle avait trois ans plus tôt.

Volonté d'aller plus loin

Aujourd'hui, les milieux de la prévention aimeraient que la Suisse aille plus loin, jugeant le pays à la traîne en comparaison internationale. Plus d'un quart de la population fume toujours: 27% en 2017 (28% en 2007) avec une hausse en chiffre réel de 200'000 personnes.

Selon l'Association suisse pour la prévention du tabagisme, la Suisse stagne tandis que les pays voisins continuent de développer des mesures. En 2016, les États de l’Union européenne ont par exemple imposé des images et des textes d’avertissement couvrant les deux tiers des paquets de cigarettes.

Plusieurs pays comme la Grande-Bretagne, l’Irlande du Nord, la Slovénie et la Belgique ont introduit l’emballage neutre pour les paquets de cigarettes. Fin 2020, un paquet de cigarettes en France coûtera 10 euros.

ats/kkub

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Prise de conscience progressive

Jusqu'au rapport Terry publié aux Etats-Unis en 1964, presque personne ne s'inquiétait des effets nocifs du tabagisme. Le docteur Luther L. Terry, alors US "Surgeon General", a été le premier à prouver le lien de causalité entre le tabagisme et le cancer du poumon.

Depuis cette date, la lutte contre la fumée a commencé à engranger des succès: en 1971, les Etats-Unis interdisent la publicité pour les cigarettes à la radio et à la télévision, malgré la résistance farouche de l'industrie du tabac. Des avertissements sont apparus sur les paquets de cigarettes.

Dans les années 80, les compagnies aériennes américaines commencent à interdire le tabac, suivies des administrations publiques et des entreprises. La Suisse s'y met aussi: en 1996, Swissair prononce l'interdiction de fumer sur les vols européens et l'année suivante sur les vols transatlantiques.

En 2004, l'Association européenne de football UEFA interdit de fumer sur les bancs des entraîneurs lors des matches internationaux. Et un an plus tard, fini la cigarette dans les trains et bus en Suisse.