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Daniel Koch: "Je suis sûr de notre analyse concernant les enfants"

Daniel Koch, lors d'une visite aux Hôpitaux universitaires de Genève en mars dernier. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]
Daniel Koch, lors d'une visite aux Hôpitaux universitaires de Genève en mars dernier. - [Keystone - Salvatore Di Nolfi]
Alors que les écoles suisses doivent rouvrir dans dix jours, la position de l'OFSP sur les risque de transmission du coronavirus par les enfants soulève des critiques, même parmi les scientifiques. Daniel Koch a expliqué à la RTS sur quoi se basent son analyse et sa certitude.

Entre sa remarque sur les grands-parents qui peuvent à nouveau prendre leurs petits-enfants dans leurs bras et la décision du Conseil fédéral d'ouvrir les écoles sans mesures particulières, Daniel Koch, "Monsieur coronavirus" de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), fait face à de nombreuses exigences de justification.

Sa situation s'est encore complexifiée avec la publication vendredi d'un document de la task force scientifique instituée par la Confédération, qui conclut que la question du rôle des enfants dans la transmission "reste ouverte et que les preuves sont actuellement insuffisamment solides". Puis quelques heures après, c'était au tour d'une étude genevoise d'estimer "qu'il serait naïf de ne pas considérer les enfants comme des transmetteurs".

>> Lire : Risqué ou pas, le déconfinement des enfants soutenu par l'OFSP divise les experts

Ces nouvelles publications n'ont pas pour autant ébranlé Daniel Koch, qui n'est pas revenu sur sa position lors de la conférence de presse du jour. Une position affirmée, dont il a expliqué les fondements dans un entretien avec la RTS vendredi matin.

RTSinfo: Quelles études scientifiques ont été déterminantes pour expliquer la position de l'OFSP sur les enfants et les risques liés au coronavirus?

Daniel Koch: En science, ce n'est jamais un unique élément qui prend le dessus. Les pédiatres infectiologues, qui sont les mieux placés pour parler des enfants, et avec qui nous avons échangé, soutiennent notre décision. C'est aussi le cas de la Société suisse de pédiatrie (SSP).

Toutes les études sérieuses et observationnelles, comme celles menées en Islande et en Australie, indiquent clairement que les enfants sont rarement touchés par la maladie et qu'ils ne sont pas le moteur de l'épidémie.

RTSinfo: Pourtant, on entend des voix scientifiques appelant à la prudence suite à de récentes publications sur la charge virale des enfants. Ne faudrait-il pas les écouter?

Daniel Koch: Les études allemande et genevoise que vous évoquez ne concernent pas la propagation du virus. Ce qu'elles disent, c'est que les enfants malades ont une charge virale similaire à celle des adultes. Cela ne prouve pas qu'ils transmettent la maladie et qu'ils entretiennent la maladie, même s'il peut toujours exister des exceptions. Pour moi, il est évident que les enfants sans symptômes ne transmettent pas la maladie.

RTSinfo: Qu'en est-il des enfants malades?

Daniel Koch: Pour les enfants malades avec symptômes, on ne sait pas, cela reste une possibilité. Mais jusqu'à présent, les études ne font pratiquement pas état de cas de contamination d'adultes par des enfants. C'est le contraire qui est répertorié.

RTSinfo: Cette "possibilité" que vous évoquez n'appellerait-elle pas à la prudence?

Daniel Koch: Il ne faut pas inverser la recherche de la preuve. Pour l'instant, tout indique que les enfants ne transmettent pas la maladie. Contrairement à la grippe ou à d'autres maladies respiratoires où les enfants jouent un rôle prépondérant dans l'épidémie, avec le coronavirus c'est différent. Et c'est une chance, alors que cette maladie est si grave sur tellement d'autres aspects.

RTSinfo: Faut-il envisager des mesures dans les écoles, telle que des prises de températures?

Daniel Koch: Non, les enfants malades ne se rendront de toute façon pas à l'école.

RTSinfo: Êtes-vous sûr de votre position sur le rôle des enfants dans cette pandémie, ou vous arrive-t-il parfois d'en douter?

Daniel Koch: J'en suis sûr. Mon travail consiste à veiller sur la santé de la population. Je vous assure que je prends ce rôle très au sérieux. Il y a actuellement des personnes âgées qui souffrent beaucoup de l'isolement. Si l'on peut alléger cette souffrance en permettant des rencontres entre grands-parents et petits-enfants, cela fait aussi partie de mon travail. Ce n'est pas une prise de risque ou un pari.

Propos recueillis par Marc Renfer

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