"Le coronavirus est d'abord un drame pour nous humains, mais c'est aussi quelque chose qui sort de la nature en réponse à nos actions." Bertrand Kiefer n'y va pas par quatre chemins : l'homme a détruit les écosystèmes et voyage de plus en plus. Résultat: "Ce qui aurait pu être une petite épidémie locale ou locorégionale autour de Wuhan, en Chine, est devenu une pandémie."
Pour le médecin et théologien, c'est la fin d'un monde: "La fin d'une certaine insouciance écologique et climatique. Mais aussi d'une insouciance "vide", j'ai envie de dire. On était dans un consumérisme individualiste qui devenait toujours plus dégagé de toute profondeur, de toute signification. Avec une vraie détresse, selon ce que j'ai pu discerner chez mes contemporains. Or on arrive un peu au bout de ce système qui n'est de toute façon pas durable. Ne serait-ce que parce qu'on vit au-dessus de nos moyens dans notre rapport aux ressources non renouvelables!"
Des gestes-barrières
Bertrand Kiefer espère profondément que l'être humain va changer ses façons de voir la vie. "Et que les gens confinés réalisent aujourd'hui que ce qui leur manque, ce sont les relations, et une certaine vie intérieure." A chacun dès lors de réfléchir à sa consommation, de décider de ne prendre l'avion plus qu'une fois par année, par exemple. "Des gestes barrières pour que le monde change!"
Eviter les théories simplistes
Maintenant, que dire à celles et ceux qui parlent de la pandémie comme d'une punition divine ? Pour Bertrand Kiefer, il n'est pas possible de dire que Dieu se manifeste au travers du COVID-19. Cela signifierait qu'il s'en prend aux plus fragiles, aux aînés, aux personnes noires aux Etats-Unis, aux plus pauvres… "Au Moyen-Age, on a pu dire que la peste était là pour punir les Juifs et pour punir l'accueil qu'on faisait aux Juifs, enfin: il faut se garder de ces théories simplistes qui instrumentalisent la "volonté" divine!"
Gabrielle Desarzens/RTSreligion