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Soleure sacre Fredi Murer et son «Vitus»

A 66 ans, Fredi Murer reçoit la plus haute distinction du cinéma suisse
A 66 ans, Fredi Murer reçoit la plus haute distinction du cinéma suisse
Le film du cinéaste nidwaldien a été désigné «meilleure fiction» par le jury du Prix du cinéma suisse 2007. Le palmarès proclamé mercredi soir à Soleure honore aussi deux interprètes genevois: Jean-Luc Bideau et Natacha Koutchoumov.

Recalé mardi aux Etats-Unis pour l'Oscar du meilleur film
étranger, «Vitus» a été couronné par le jury du Prix du cinéma
suisse qui salue un film «débordant de sensibilité et d'humour».
Dans cette «oeuvre aboutie et luxuriante», le réalisateur explore
«avec humanité les nombreuses facettes d'une fable» (lire
ci-contre
). Le film s'impose devant un autre sérieux
candidat, «Grounding», qui repart bredouille.



Depuis sa sortie en Suisse alémanique il y a un an, l'ouvrage a
réalisé plus de 200'000 entrées. Il a déjà été acheté par une
trentaine de pays, en particulier par les Etats-Unis. Ce long
métrage sortira le 28 février dans les cinémas romands. Le prix de
la fiction s'accompagne de 60'000 francs.

Jean-Luc Bideau à l'honneur

La même somme récompense le meilleur documentaire: «Das kurze
Leben des José Antonio Gutierrez» de Heidi Specogna. La cinéaste
retrace l'existence d'un soldat tombé en Irak. «Elle parvient à
inscrire ce destin dans le contexte social et historique actuel»,
souligne le jury.



Sur huit récompenses décernées en tout, seules deux honorent des
Romands. Jean-Luc Bideau rafle le prix du rôle principal pour le
personnage qu'il incarne dans «Mon frère se marie» du Vaudois Jean
Stéphane Bron, et Natacha Koutchoumov obtient le prix du rôle
secondaire dans «Pas de panique», un téléfilm de Denis
Rabaglia.

Jean-Luc Bideau
dessine un personnage de comédie avec une palette haute en couleurs
mais aussi teintée de mélancolie qui fait de ce père déboussolé une
figure empathique et parfois même un peu tragique

Le Jury

«Jean-Luc Bideau
dessine un personnage de comédie avec une palette haute en couleurs
mais aussi teintée de mélancolie qui fait de ce père déboussolé une
figure empathique et parfois même un peu tragique», estime le jury.
Le lauréat s'est vu remettre un chèque de 15'000 francs. La même
somme revient à Natacha Koutchoumov. Le jury l'a distinguée pour la
discrétion de son jeu et sa grande précision.

Staka récompensée pour son scénario

Le prix du court métrage doté de 30'000 francs revient à
«Feierabend» de Alex E. Kleinberger. Avec peu de moyens, le film
aligne un maximum d'effets comiques, explique le jury. «Il prouve
que sans grands renforts d'artifices techniques, une histoire peut
relever un défi apparemment si facile et si difficile: faire rire
le spectateur.»



Le prix du film d'animation, doté aussi de 30'000 francs, a été
attribué à «Wolkenbruch» de Simon Eltz qui met en scène deux
adolescents qui se chamaillent. Avec des effets spéciaux aussi
parcimonieux qu'efficaces, ce film de six minutes offre un monde
décalé. «C'est à regret que l'on quitte ce petit univers», indique
le jury. Le Prix spécial du jury (20'000 francs) récompense le
travail d'ensemble dans «Nachbeben» de Stina Werenfels. Remis pour
la première fois, le prix du meilleur scénario (15'000 francs) a
été décerné à «Das Fräulein» de Andrea Staka.



ats/sun

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«Vitus», prouesse touchante d'un vétéran

En attribuant le prix de la meilleure fiction à Fredi M. Murer, le jury honore un vétéran du cinéma suisse. Son film «Vitus» séduit le public comme la critique depuis un an. Cette fable touchante a déjà obtenu ailleurs plusieurs autres prix.

«Les héros gagnent les coeurs, de même que les personnages secondaires, dont les aventures sont peaufinées et menées à terme», écrit le jury.

Long métrage musical et sentimental, «Vitus» porte le nom du personnage principal, un enfant surdoué pour les mathématiques et virtuose du piano qui se rebelle contre ses parents et se refuge auprès de son grand-père (Bruno Ganz).

Cinéaste indépendant et producteur, Fredi M. Murer est né en 1940 dans le canton de Nidwald. Après des études à Zurich et aux Etats-Unis notamment, il entame sa carrière en 1967.

Il a remporté le Léopard d'or du Festival de Locarno en 1985 avec «Höhenfeuer» (L'âme soeur). Il a tourné ensuite des documentaires puis est revenu à la fiction avec «Vollmond» (Pleine lune) en 1998 qui a raflé le Grand prix des Amériques à Montréal.

Paillettes, smoking et tapis rouge

Pour la 10e édition des Prix du cinéma suisse, les organisateurs ont voulu créer un événement médiatique.

Les invités, sommés de sortir leur plus bel appareillage de soirée - robe et smoking étaient de rigueur - ont un peu pressé le pas à cause du froid sur le tapis rouge conduisant à la salle des réjouissances.

Outre les personnes nommées pour l'un des prix, la cérémonie a réuni plus de 500 invités, dont d'anciens lauréats ainsi que des personnalités du cinéma, de la politique et de l'économie suisses.

Le conseiller fédéral Pascal Couchepin, grand boss de la Culture, y assistait. Tout comme Nicolas Bideau, fils de Jean-Luc et chef de la section cinéma de l'OFC.