La pandémie a aggravé la situation économique déjà difficile des médias, alors même qu'elle a montré plus que jamais leur rôle indispensable. Les revenus publicitaires des radios et télévisions privées ont ainsi chuté de 60% à 95% dans un délai très court.
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Et même si la demande en offres journalistiques a fortement augmenté, le nombre plus important d'abonnés ne peut pas compenser les pertes, a expliqué Isabelle Pasquier-Eichenberger (Verts/GE) au nom de la commission. "Une aide est cruciale pour leur survie", a-t-elle plaidé.
La première motion a été adoptée par 124 voix contre 66, issues principalement de l'UDC. L'aide transitoire doit être proposée jusqu'à ce que le Parlement se prononce sur le paquet de mesures annoncé par le Conseil fédéral.
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Distribution gratuite des journaux régionaux
Cette aide prévoit notamment des moyens financiers supplémentaires pour l'agence Keystone-SDA-ATS, afin qu'elle puisse proposer gratuitement son service de base en trois langues à ses abonnés. La Poste, elle, devra distribuer gratuitement les journaux locaux et régionaux afin d'assurer leur survie. Le Conseil fédéral doit créer la base légale nécessaire et mettre 25 millions de francs à disposition.
Pour les autres journaux quotidiens, La Poste doit prévoir un tarif avantageux. Mais ceux-ci ne devraient bénéficier de cette aide que s'ils renoncent à verser des dividendes à leurs actionnaires pour l'exercice 2020. La mesure pourrait coûter 10 millions, a précisé Isabelle Pasquier-Eichenberger.
Il est dangereux de créer une dépendance à l'argent fédéral, a contré en vain Gregor Rutz (UDC/ZH).
Plus d'argent pour les radios et TV locales
Via la deuxième motion, les députés veulent verser une aide immédiate de 30 millions de francs supplémentaires pour les radios et télévisions locales. Celles-ci ont le même problème que la presse écrite et ont perdu une grande partie des revenus publicitaires.
La somme provient de la réserve de fluctuation de la redevance de radio-télévision. Le texte a été adopté par 178 voix contre 12.
ats/oang
Simonetta Sommaruga a plaidé pour le long terme
Le Conseil fédéral reconnaît l'importance des médias, a assuré Simonetta Sommaruga. "Il s'agit d'une infrastructure critique de notre démocratie", a-t-elle souligné.
Mais la ministre de la Communication a rappelé que le Conseil fédéral a proposé au Parlement un paquet d'aide qui aura effet général sur le long terme. Il s'agit à ses yeux de mesures qui constituent une réponse à la crise structurelle des médias et sont plus ciblées et durables que des mesures immédiates.
De plus, les médias peuvent aussi recourir aux prêts sans intérêts ou à taux préférentiels garantis par la Confédération, a rappelé Simonetta Sommaruga. Cela leur permet d'assurer les liquidités à court terme. L'Office fédéral de la communication a accepté des avances sur la quote-part de la redevance radio/TV.
Autre motion sur la redevance pour les entreprises
Le Conseil national a adopté par ailleurs, et par 106 voix contre 56, une motion demandant au gouvernement d'intervenir rapidement en ce qui concerne la redevance radio et télévision. Les entreprises travaillant ensemble sur un contrat important ne doivent pas être doublement imposées.
Les commissions travaillent déjà sur ce sujet via une initiative parlementaire, leur a rétorqué en vain Simonetta Sommaruga. Compte-tenu de ces travaux, l'utilisation du droit d'urgence n'est pas proportionnée, a-t-elle estimé.