Dans ces vallées reculées de Suisse orientale, on raconte que l'odeur du fromage local aurait repoussé le virus. Avec 25 cas de COVID-19 seulement et aucun mort, Appenzell Rhodes-Intérieures et ses quelque 16'000 habitants ont été jusqu'à présent épargnés par l'épidémie.
Plus sérieusement, la situation de ce canton, sans frontière avec l’étranger et peu dense, lui a donné un avantage. Mais la différence s'est surtout jouée dans une salle polyvalente transformée en siège de l’état-major de crise. C’est là que s’est réalisé le traçage rigoureux de tous les contacts des personnes infectées.
"Nous avons appelé tous ceux qui avaient été en contact avec des malades du COVID-19 pour syavoir s'ils développaient des symptômes: toux, rhume, température, difficulté respiratoire. Concrètement, nous avons appelé 71 personnes tous les jours pendant dix jours, ce qui correspond à 700 appels", explique le médecin cantonal Markus Köppel.
La Landsgemeinde annulée
Avec aucun nouveau test positif dans le canton depuis le 23 avril et un seul nouveau cas confirmé en près d'un mois, l'épidémie paraît sous contrôle. Mais elle a fait une victime de taille: la Landsgemeinde. Cette votation populaire à main levée devait se tenir à Appenzell fin avril. En 140 ans, c’est la première fois qu'elle est annulée.
Très attachés à leurs traditions, les Appenzellois sont affectés par cette annulation. "Ca nous crève le cœur. Il nous manque vraiment un bout de tradition", regrette un habitant croisé dans le chef-lieu cantonal. "Depuis que je suis venu au monde, j'y ai toujours assisté, enfant comme spectateur et ensuite pour voter", ajoute un autre.
Un coup dur financier
Au-delà du symbole, le dégât est aussi financier. Hôtels et restaurants se retrouvent privés de leur plus gros chiffre d’affaires de l’année. Car la Landsgemeinde est un événement qui attire énormément de monde, entre les centaines de participants et les nombreux touristes qui viennent assister à cette vitrine de la démocratie directe.
"Les dimanches de Landsgemeinde, tous nos employés sont normalement sur le pont. Nous servons environ 400 repas et organisons un gros apéro avec 200 invités. Notre restaurant est plein de 07h00 du matin à minuit", relève Stephan Sutter, gérant de l'hôtel Appenzell, qui jouxte la place de la Landsgemeinde.
Espoir pour la saison d'été
Comme ailleurs en Suisse, l'hôtellerie est à l'arrêt depuis le début de la crise. Le coup est particulièrement dur pour ce canton où un tiers des habitants vit directement ou indirectement du tourisme. Depuis des semaines, la faîtière des industries appenzelloises dénonce des mesures sanitaires excessives.
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"Nous devrions tenir davantage compte des particularités régionales et adapter les mesures en fonction de la réalité de chaque canton. A Appenzell, nous sommes vraiment moins touchés que d'autres", souligne Albert Manser, président de l'Union des arts et métiers d'Appenzell Rhodes-Intérieures.
Le canton le moins peuplé de Suisse compte sur la saison touristique estivale pour se refaire une santé. En espérant que, d'ici là, les mesures de confinement ne seront plus qu'un mauvais souvenir.
Reportage TV: Fanny Zürcher et Théo Jeannet
Adaptation web: Didier Kottelat