C’est une drôle de session parlementaire qui s'est terminée mercredi soir. Afin de respecter les mesures sanitaires comme la règle des deux mètres, les élus se sont réunis dans les halles de BernExpo, plus grandes que le Palais fédéral.
Tout avait été mis en place pour respecter les distances sociales, jusque dans les toilette.
Mais c’est surtout la taille des locaux qui semble avoir marqué les esprits. A l'instar de la conseillère nationale Sandra Sollberger (UDC/BL) qui a amené une paire de jumelles pour voir ce qui se passait à la tribune.
L‘UDC vaudois Michaël Buffat a lui aussi été déstabilisé par les 5200 m2 de la halle: "On est tous éloignés les uns des autres. Je ne vois pas mes collègues de gauche qui sont de l’autre côté de la salle. Alors que dans la salle traditionnelle du Parlement on se voit tous et on peut voir les réactions." Il ajoute: "Les votes aussi sont différents. Habituellement, les résultats sont toujours affichés. Or, ici, ils ne le sont pas."
Le traitement des objets a également été plus difficile à suivre. "Ca va très vite. On reçoit des amendements le soir et il faut les traiter le lendemain matin à 8h00. Normalement on est plus organisé", réagit Tamara Funiciello (PS/BE).
Moins de brouhaha, davantage de groupes Whatsapp
Cette nouvelle dynamique a toutefois comporté des avantages, avec moins de brouhaha durant les prises de paroles. On était loin des 73 décibels mesurés au Palais fédéral à l’époque: "Je trouve que c'est plus reposant au niveau sonore. Quand on est collés les uns aux autres, il y a beaucoup plus de gens qui parlent. Et puisqu'ici on est plus éloignés, on parle beaucoup moins", rapporte Ada Marra (PS/VD).
Du coup, les discussions en aparté se sont faites plus rares. "On rencontre très peu de nos collègues", regrette le conseiller aux Etats et président du PS Christian Levrat. Et de poursuivre: "La politique perd un peu de son sel, car les choses se règlent très souvent de manière informelle au hasard d'une rencontre, or ce n'est pas le cas ici."
Du coup, les négociations ont été plus compliquées et il a fallu utiliser d'autres moyens: "Nous avons créé un certain nombre de groupes Whatsapp pour communiquer, y compris lorsqu'il s'agit d'affiner un vote par exemple", explique le député Olivier Feller (PLR/VD).
Certains relèvent aussi l'absence de lobbyistes et autres invités, écartés pour éviter de surcharger l'espace. "Il y a moins d'interférences dans les discussions ou dans les décisions", selon le sénateur Charles Juillard (PDC/JU).
Distance sociale pas toujours respectée
Avec la fermeture des restaurants bernois, les à-côté de la session ont été, dans l’ensemble, plutôt mornes. Sandwiches, Tupperware, glacière, ou commande de pizzas, chacun y a été de sa propre initiative.
Mais cela n’a pas empêché des parlementaires de se retrouver à la buvette de BernExpo pour les pauses café ou au moment de l’apéro. La distance des deux mètres n’était d’ailleurs pas toujours respectée. De quoi créer une petite polémique en Suisse alémanique, sur Twitter notamment. Pour rappel, plus de trois millions de francs ont été déboursés pour mettre en place des mesures de protection durant cette session.
Des règles qui resteront en vigueur lors de la session de juin, qui se tiendra, elle aussi, dans les halles d'exposition bernoises.
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Mathieu Henderson