Hormis quelques élans de générosité supplémentaires pour aider des secteurs spécialement touchés par la pandémie, les élus ont soutenu l'action du gouvernement à l'occasion de cette session extraordinaire de trois jours dédiée au coronavirus.
Le Conseil fédéral avait sollicité quelque 57 milliards de francs pour financer des mesures d'aide face à de la pandémie. Au bilan, c'est finalement légèrement plus que prévu. Le principal poste, soit les prêts cautionnés destinés aux PME menacées de faillite (40 milliards), a passé la rampe facilement. Le Conseil des Etats a barré la route à un assouplissement des conditions de remboursement et à des garde-fous supplémentaires aux abus proposés par le National.
Les Chambres ont avalisé sans problème 16 autres milliards dont six pour l'assurance chômage (chômage partiel), 5,3 milliards pour les allocations pour perte de gain, 2,45 milliards pour l'achat de matériel sanitaire en urgence, ainsi que des aides à la culture (280 millions) et au sport (100 millions). L'UDC s'est retrouvée seule à réclamer une coupe des aides allouées à la culture et des montants prévus pour le matériel sanitaire.
Aide au secteur aérien sans conditions
Le soutien au secteur du transport aérien a été le plus discuté. Le gouvernement pourra offrir des garanties bancaires de 1,275 milliard de francs pour aider Swiss et Edelweiss à sortir de leur crise de liquidités. Une enveloppe de 600 millions est destinée aux entreprises connexes travaillant sur les aéroports nationaux.
Le camp rose-vert s'est battu en vain pour poser des conditions environnementales. Les Chambres ont finalement introduit des exigences non contraignantes sur le sujet et diverses précisions dans la loi: les entreprises au sol du secteur aérien pourront aussi être aidées et l'aide devra rester en Suisse.
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Compromis pour un soutien aux crèches
Le Parlement a en revanche forcé la main du gouvernement sur d'autres sujets. Il devra libérer 65 millions de francs pour soutenir les crèches et autres structures d'accueil extrafamilial durement touchées par la crise. Le National aurait voulu aller jusqu'à 100 millions.
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Les médias dont l'effondrement des recettes publicitaires met la survie en danger alors que leur audience est maximum recevront également une aide transitoire de 65 millions. Une partie de l'argent ira à l'agence Keystone-SDA-ATS et servira à la distribution postale des quotidiens, 30 millions sont réservés aux radios et télévisions locales.
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Les milieux touristiques, fortement touchés par la crise, bénéficieront aussi d'une aide. Les Chambres se sont toutefois battues sur son montant, les 40 millions proposés par la Chambre du peuple se sont finalement imposés sur les 67 millions voulus par le Conseil des Etats.
Rien pour les loyers commerciaux
Le Parlement n'a en revanche pas trouvé de terrain d'entente sur les loyers commerciaux. Les commerçants devront donc attendre jusqu'en juin pour bénéficier d'un éventuel coup de pouce auquel le Conseil fédéral se refuse. Le Conseil des Etats ne voulait pas aller aussi loin que le National. Mais ce dernier a refusé de se repencher mercredi encore sur une solution de compromis ficelée par les sénateurs pour boucler le dossier.
Le Parlement a encore longuement débattu des conditions de déconfinement et du rythme de redémarrage de l'économie. Mais il s'est au final contenté d'adopter quelques motions symboliques soutenant les plans du Conseil fédéral vers un retour progressif à la normale. Sur l'application de traçage des contacts, il a par ailleurs exigé une base légale.
Appel symbolique au cessez-le-feu mondial
Les symboles se sont aussi invités au National sous la forme d'une déclaration en faveur d'un appel à un cessez-le-feu mondial et aux efforts multilatéraux pour vaincre la pandémie mondiale.
Les élus ont dû s'habituer à l'ambiance aseptisée et aux distances sanitaires imposées par le virus dans les locaux de Bernexpo. Mais l'organisation a fait ses preuves et les partis politiques ont vite repris leurs positions classiques.
L'UDC a par exemple tempêté contre la réouverture des frontières et un accroissement de l'aide au développement. La gauche a tenté vainement d'interdire le versement de dividendes aux entreprises bénéficiant d'indemnités de chômage partiel.
Le grand argentier Ueli Maurer a clos le débat budgétaire en invitant le Parlement à arrêter de parler de crise et à saisir la chance qu'elle représente pour la Suisse.
ats/oang