C'est le cas notamment de Yegor, six ans, et de sa mère Katarina, arrivés de Krasnoïarsk en Sibérie. "En Russie, les médecins ont essayé de le soigner mais n'ont pas réussi. Ils proposaient simplement d'amputer l'oeil. C'est pour cela qu'on est ici", explique la maman dans le 19h30. "Quand j'ai compris que la situation (liée à la pandémie, ndlr) s'aggravait et qu'il n'y avait plus de vols, j'ai commencé à paniquer".
Encore une trentaine d'enfants attendus
Face aux besoins urgents de son fils, elle s'est adressée à l'ambassade de Suisse à Moscou pour de l'aide. Début avril, l'ambassadeur Yves Rossier avait organisé un premier voyage pour Taïr, un autre garçon russe, afin qu'il puisse aussi suivre son traitement malgré la suspension des vols commerciaux. Cette opération se révèle encore nécessaire pour près d'une trentaine de patients ces prochains mois, tant que les vols commerciaux seront suspendus.
Ces jeunes enfants souffrent tous d'un rétinoblastome, une forme rare et agressive de cancer de la rétine. Si la tumeur n'est pas traitée rapidement, le risque de métastases, notamment dans le cerveau, est élevé, pouvant entraîner la mort. Le seul moyen d'éviter ce risque en Russie, mais aussi dans d'autres pays, est l'ablation de l'œil.
Une technique unique à Lausanne
Leur seul espoir, non seulement pour rester en vie, mais aussi conserver leur œil et leur vue, est de se rendre en Suisse, à l'Hôpital ophtalmique Jules-Gonin de Lausanne. Le professeur Francis Munier y a développé une technique ultra ciblée, pour enrayer la maladie dans sa forme la plus complexe: injecter de la chimiothérapie directement dans l'œil.
Le traitement coûte plusieurs dizaines de milliers de francs. Mais les familles russes sont souvent d'origine modeste, et pour réunir la somme plusieurs d'entre elles ont eu recours à des dons privés de concitoyens russes.
Un don de Jean-Claude Killy
Le pont aérien mis en place par l'ambassade suisse de Moscou, lui, coûte jusqu'à 100'000 francs par mois. Pour mai, un donateur a été trouvé en la personne de Jean-Claude Killy. Le triple champion olympique de ski alpin prend à sa charge les coûts de deux vols depuis Moscou, assurés par la compagnie privée suisse Albinati Aeronautics.
"On a un devoir de solidarité envers ces enfants", affirme l'ambassadeur Yves Rossier qui précise: "Nous continuerons ce pont aérien aussi longtemps que nécessaire". Un financement a été trouvé auprès de donateurs privés jusqu'en juillet.
Laurent Burkhalter/oang