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Qui paiera au final les tests de dépistage du Covid-19?

Qui paiera les tests du coronavirus? (vidéo)
Qui paiera les tests du coronavirus? (vidéo) / Forum / 2 min. / le 8 mai 2020
Colère et confusion règnent dans les cantons sur le financement des tests de dépistage du coronavirus. En cause, la nouvelle clé de répartition - décidée par le Conseil fédéral au moment d’élargir les critères de test - qui pourrait menacer l'endiguement de l'épidémie.

Depuis le 22 avril, la facture de nombreuses analyses est à la charge des autorités cantonales. Dans d’autres situations, c’est le patient lui-même ou les caisses-maladie qui payent.

Ce nouveau mécanisme agace au plus haut point les cantons, pour des raisons financières mais également sanitaires. Selon plusieurs cantons romands en effet, cette clé de répartition des coûts de tests pourrait bien, d’une part, dissuader certaines personnes de venir se faire tester, et d'autre part, dissuader les cantons eux-mêmes de mener des tests à large échelle. En un mot, l’exact opposé de l’objectif fixé par le Conseil fédéral dans sa stratégie d’endiguement du coronavirus.

Assurances, cantons ou malades

Plusieurs cas de figure se posent, qui permettent d'illustrer le noeud du problème.

Premier cas de figure, concernant une personne vulnérable. Cette dernière présente des symptômes de la maladie plus ou moins graves. Une prise en charge plus étroite, voire même une hospitalisation, se dessinent: l'assurance de base paye son test, si le montant de la franchise est déjà dépassé. Sinon, la facture est pour le ou la malade. Aux yeux des cantons, les plus fragiles pourraient donc ces prochains mois hésiter à revenir se faire tester.

Deuxième cas de figure, concernant les personnes qui ne sont pas à risque. Elle peuvent présenter des symptômes légers de la maladie, ou même être asymptomatiques, mais doivent, pour des raisons de suivi de l’épidémie, faire un test. Dans ce cas, c'est au canton de payer. Ce qui pourrait rapidement leur coûter des millions - le chiffre d'un million de francs par semaine est évoqué dans un canton romand - s’ils appliquent cette politique de dépistage à large échelle voulue par le Conseil fédéral. Devant la perspective de cette addition, certains cantons pourraient hésiter à se lancer, de quoi menacer l’endiguement de la maladie.

Enfin, dernier cas de figure, une personne sans aucun symptôme va de son plein gré réaliser un test. Cette analyse sera entièrement à ses frais.

Discussions entre cantons et Confédération

Le sujet fait actuellement l'objet de discussions entre l’Office fédéral de la santé publique et les médecins cantonaux, et entre les conseillers d’Etat en charge de la santé et le Département fédéral de l’intérieur (DFI). Ce dernier est aussi interpellé sur le même sujet par plusieurs parlementaires de tous bords politiques, avec cette question: "Qui va payer au final ces tests?"

Pour l'heure, aucune réponse définitive n'a été trouvée, a indiqué jeudi le conseiller fédéral Alain Berset.

Marc Menichini/kkub

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