A l'heure actuelle, seuls 36% des sondés se disent favorables à
une caisse maladie unique (20% «très favorables», 16% «assez
favorables»). Les opposants sont en revanche plus nombreux: 46%,
soit 30% «très opposés» et 16% «assez opposés».
Clivage linguistique
On observe de grandes disparités d'opinion selon les régions
linguistiqes. Les Alémaniques rejettent l'initiative à 52%. En
revanche, les Tessinois sont 57% à opter pour la caisse unique, les
Suisses romands 44%.
Une explication est peut-être à chercher du côté des primes
d'assurance maladie, inférieures du côté alémanique. Par ailleurs
dans cette région de Suisse, le sujet ne passionne pas. Les débats
sur la caisse unique ne sont que très peu animés.
Un autre clivage réside dans
l'appartenance politique. Deux camps s'opposent, les partis
bourgeois face aux socialistes.
Les votants les plus favorables à l'initiative se trouvent dans
les rangs socialistes (51% voteraient "oui"). Près de 6
sympathisants UDC sur 10 sont d'avis contraire (57% voteraient
"non"). Mais les opposants les plus farouches se trouvent dans des
rangs des libéraux (67%) et des démocrates-chrétiens (62%).
Sans surprise, le sondage met en évidence l'influence du niveau
social. Les sondés aux plus hauts revenus sont les plus opposés à
l'initiative (revenu> 9000.-/ mois -> «non» à 66%), alors que
les foyers les mois aisés sont les plus favorables (<
3000.-/mois -> «oui» à 44%).
On observe toutefois une prise de position plus radicale chez les
hauts revenus. Les nouvelles primes d'assurance maladie calculées
en fonction des revenus effrayent probablement beaucoup ceux qui
gagnent le plus. En revanche, les diminutions de primes espérées
par les faibles revenus semblent avoir une influence moins
notable.
Trop de publicité
70% des sondés estiment qu'une caisse unique permettrait
d'économiser des frais de publicité. Cet argument est celui qui
récolte le plus de voix, tant du côté de ceux qui aimeraient voir
l'initiative passer que chez ceux qui y sont opposés. Cela démontre
que de tous bords, les sondés demandent un changement dans la
gestion des caisses.
En ce qui concerne les arguments du non, près de deux tiers des
personnes interrogées jugent négatif de ne plus avoir la
possibilité de choisir entre différentes caisses maladie. Presque
autant déplorent la fin de la concurrence entre les caisses.
L'Institut gfs reste prudent et estime que les jeux ne sont pas
faits, puisque la campagne est dans sa phase de lancement.
Toujours est-il qu'une grande partie des votants n'ont pas encore
arrêté leur décision. Ce qui devrait aller à l'encontre
l'initiative. On constate généralement que les indécis ont plus
tendance à choisir le camp du «non». Reste que l'argument le plus
populaire, la suppression des frais de publicité, se trouve dans le
camp des initiants.
L'institut relève également que l'initiative a pris un départ
timide, ce qui n'est pas de bon augure. De plus, l'initiative
populaire demande aux citoyens de se prononcer «en faveur» de
l'objet. Une démarche souvent moins attrayante que celle de rejeter
un projet.
Valérie Demierre / tsrinfo
Les buts de l'initiative
L'initiative demande l'instauration d'une seule caisse-maladie pour l'assurance obligatoire des soins. Elle propose également d'établir des primes en fonction de la capacité économique des assurés, des primes réparties par canton. Le Mouvement Populaire des Familles est à l'origine de cette initiative populaire.
Le peuple tranchera le 11 mars. C'est le seul objet fédéral soumis au peuple ce jour-là. Il requiert la double majorité du peuple et des cantons.
La SSR SRG idée suisse a mandaté l'institut gfs.bern pour effectuer ce sondage. 1269 personnes ayant le droit de vote ont été interrogées entre le 22 et le 27 janvier 2007.
Participation
42% des personnes sondées par l'institut gfs disent vouloir voter le 11 mars. Une participation moyenne, que l'on peut espérer voir progresser, puisque le débat sur la caisse unique vient seulement de commencer. Pour l'heure, les personnes les plus enclines à voter se trouvent en général dans les agglomérations et en Suisse romande. En revanche, les Tessinois semblent peu intéressés par ce débat.