La décision se base sur un rapport complémentaire concernant
l'assistance au décès.
Le gouvernement confirme la ligne fixée l'an dernier, lorsqu'il
avait renoncé à légiférer sur l'euthanasie active indirecte
(soulager les douleurs d'un malade avec des doses de sédatif
susceptibles de raccourcir sa durée de vie) et l'euthanasie passive
(renoncer aux mesures prolongeant la vie du malade). Seule
l'euthanasie active directe, assimilée à un homicide, est interdite
en Suisse.
Zone grise
Une zone grise persiste donc en matière d'assistance au suicide.
Il en va de même pour les règles applicables à la prescription de
natrium pentobarbital (NAP). Toutes les options étudiées se sont
avérées «ineffectives» pour réduire le risque d'abus, selon le
Département fédéral de justice et police (DFJP).
L'idée de remettre le NAP exclusivement aux organisations
d'assistance au suicide ne permettrait pas d'exclure la possibilité
d'un usage de la dose par un tiers. Elle ne garantirait en outre
pas que les organisations assument correctement la fonction
qu'elles sont censées remplir, d'après les auteurs du
rapport.
Le NAP, psychotrope de la famille des barbituriques, est soumis à
la législation sur les stupéfiants et requiert la prescription par
un médecin. Modifier sa classification n'améliorerait pas la
situation. Il s'en suivrait uniquement une obligation de déclarer
les livraisons à des fins de contrôle a posteriori.
ats/ant
La mort en 2 minutes
La réalité actuelle est décrite succinctement dans le rapport.
Un médecin-conseil d'une organisation d'assistance au suicide, après avoir examiné la personne désireuse de s'ôter la vie, lui prescrit une dose létale de NAP.
L'intéressé prend la drogue, parfois en présence d'un membre de l'organisation.
Quinze grammes de NAP font effet en deux à cinq minutes, provoquant un coma profond, puis la paralysie des fonctions respiratoires et enfin la mort, d'après le rapport.
Tourisme de la mort
L'approche libérale helvétique a favorisé l'éclosion d'organisations d'aide au suicide, telles Exit ou Dignitas, et l'apparition du «tourisme de la mort».
En Suisse, près de 1400 personnes se suicident chaque année. Dans environ 20% des cas, l'intéressé a eu recours à une association spécialisée.