Classe virtuelle, réseaux sociaux ou bon vieux téléphone: la mission des enseignants, pendant l'école à la maison, était de garder le contact avec les élèves et les familles. Mais cette tâche n'a pas été toujours évidente, surtout avec les jeunes déjà fragilisés.
"On a pu accompagner les élèves qui avaient déjà un projet de formation, faire des CV, des lettres de motivation, les accompagner jusqu'à l'apprentissage", note Stéphanie Aubert Gillet, directrice de la structure FO18 à Genève, qui prend en charge les jeunes mineurs en rupture de formation.
Des élèves sans formation en vue
"Mais pour ceux qui n'étaient pas encore dans cette démarche, ça a été très difficile", poursuit-elle. "Ce sont des élèves qui risquent de se retrouver à la rentrée prochaine sans formation en vue, et qui - de ce fait - pourraient être considérés comme décrocheurs".
Le décrochage scolaire est un phénomène complexe, entre événements personnels, lien avec l'école et réalité de la famille. Et plus les cours à distance se prolongent, plus le risque de décrocher est grand. Tous les cantons romands sont d'accord sur ce point: l'école à la maison creuse les inégalités.
Certains jeunes encore plus fragilisés
Directrice de Cap Formations, qui accompagne les jeunes de 15 à 25 ans sans formation à Genève, Sophie Chezeau constate plus de fragilité psychologique.
"Tout le monde est un peu déboussolé", dit-elle. "Les parents sont parfois maintenant dans des situations socio-économiques compliquées. Et forcément, pour les jeunes qui avaient déjà du mal à se reconnaître dans la société à travers l'école, dans ce modèle qui est imposé à tous, une période aussi étrange accroît la fragilité de certains".
Mais il faudra attendre fin juin voire septembre pour savoir combien d'élèves vont tourner le dos à l'école après cette période d'enseignement à distance.
Pauline Rappaz/oang