Les hôpitaux se disent satisfaits de l'engagement des soldats sanitaires
Deux mois après le lancement de la plus importante mobilisation de l'armée depuis la Deuxième Guerre mondiale, les hôpitaux déclarent avoir apprécié l'engagement des soldats dans la crise liée au nouveau coronavirus, même si des éléments d'amélioration existent.
Toilette des patients, distribution des repas, contact avec les familles tenues éloignées ou manoeuvres pour retourner les malades intubés: quelque 600 soldats sanitaires sont encore mobilisés actuellement pour soutenir les hôpitaux. Ils étaient 3800 au plus fort de la crise.
A l'heure du bilan, le constat est identique pour les différents hôpitaux romands contactés par la RTS: les troupes de l'armée suisse ont fourni un soutien utile et très apprécié, ce d'autant plus que les bataillons mobilisés avaient tous une formation sanitaire.
"Une formation plus proche des besoins civils"
Il a toutefois fallu organiser des mises à jour rapides, sur quelques heures, voire quelques jours, pour que ces militaires soient vraiment opérationnels, ne serait-ce que pour les renseigner sur les mesures d'hygiène.
"Les soldats sanitaires pourraient avoir une formation de base plus proche des besoins civils ou effectuer certains gestes plus régulièrement", propose mardi dans La Matinale Gérald Brandt, directeur des ressources humaines de l'Hôpital neuchâtelois.
Quelques problèmes de motivation
Autre difficulté, la barrière de la langue: les 9 soldats qui sont venus appuyer le CHUV, par exemple, étaient tous germanophones. Et tous les militaires ne se sont pas investis de la même manière, puisqu'ils étaient mobilisés contre leur gré.
"Il y avait une motivation de solidarité à lutter contre un ennemi commun, mais ça ne dure pas sur le temps et on a eu quelques problèmes de caractère avec certains soldats, qui ont toutefois été vite réglés", constate Jean-François Menoud, adjoint à la direction des soins à l'Hôpital fribourgeois.
Peu de soldats inoccupés
Les médias se sont aussi faits l'écho de témoignages de soldats qui s'ennuyaient ou qui avaient l'impression voler le travail des soignants. Les personnes contactées n'estiment toutefois pas que l'engagement militaire était inutile, même si elles admettent que la vague de malades n'a pas été aussi importante que prévu.
Mais les hôpitaux ont apparemment pu adapter rapidement les effectifs, lorsque leurs besoins diminuaient. Certains soldats ont donc effectivement pu se retrouver les bras ballants, mais pendant une journée ou deux tout au plus, le temps de les renvoyer à la caserne, assurent ainsi les hôpitaux de Fribourg, Neuchâtel ou du Jura.
La question du système hiérarchique
Quant à l'armée, elle promet de tirer des enseignements de cette mobilisation et plusieurs pistes sont déjà sur la table. "Nous avons un système très hiérarchique, mais est-il encore adapté? Nous allons analyser la communication entre les différents commandements, qui parle à qui, mais aussi la question de la digitalisation", explique le brigadier Raynald Droz, chef d'état-major du commandement des opérations, qui évoque des réformes "à long terme".
Le renforcement des effectifs sanitaires n'est par contre pas au programme. L'épidémie n'est qu'un cas de figure parmi d'autres, rappelle le brigadier Droz. Et la mission de l'armée est de rester prête à toute éventualité.
Marielle Savoy/vkiss
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