La conseillère fédérale Karin Keller Sutter a informé ses collègues du Conseil fédéral mercredi après des entretiens avec les ministres de l'Intérieur français Christophe Castaner, allemand Horst Seehofer et autrichien Karl Nehammer. Comme la Suisse, la France, l'Allemagne et l'Autriche se trouvent actuellement en période de déconfinement et leurs situations épidémiologiques sont comparables.
Il est difficile de dire en revanche quand les frontières avec l'Italie, la plus durement touchée par le coronavirus, pourront rouvrir. La situation épidémiologique y est encore difficile. Le Département fédéral de justice et police (DFJP) est en contact avec Rome, a expliqué Karin Keller-Sutter devant la presse.
Concernant la date du 15 juin, l'Autriche aurait souhaité une ouverture plus rapide, mais l'Allemagne et la France s'y sont opposées, a annoncé la cheffe du DFJP. Les quatre pays se sont en revanche mis d'accord pour fixer une date commune et ouvrir leurs frontières en même temps.
Vacances à l'étranger possibles, mais pas encore partout
Les Suisses pourront aller en vacances en Allemagne, en France ou en Autriche, mais en suivant les règles en vigueur sur place pour lutter contre la pandémie. Ils devraient néanmoins rester dans leur pays, a conseillé Karin Keller Sutter, argumentant notamment en faveur d'un soutien à l'économie et au tourisme helvétique. L'interdiction du tourisme d'achat n'a par contre toujours pas été levée. Des discussions sont encore en cours pour préciser les détails de la procédure. Le Conseil fédéral reviendra sur le sujet le 27 mai, lorsqu'il examinera les autres assouplissements des restrictions sur l’entrée et le séjour en Suisse.
Concernant les autres pays de l'Espace Schengen, il faudra attendre. L'ouverture se déroulera graduellement en commençant par les pays limitrophes, a poursuivi Karin Keller-Sutter. S'exprimant sur la reprise du trafic des TGV entre la France et la Suisse, la conseillère fédérale a rappelé que les restrictions d'entrée sur le territoire français restent valables pour l'instant. Depuis lundi, un aller-retour quotidien est assuré entre Genève et Paris et entre Bâle et Paris.
"On sent dans toute l'Europe l'envie de sauver la saison estivale. Le tourisme représente un dixième du PIB de l'Union européenne, mais prudence, car à l'heure qu'il est, rien n'est encore acquis", a constaté la correspondante de la RTS à Bruxelles Isabelle Ory.
Premiers assouplissements
La Suisse a déjà commencé à assouplir les restrictions aux frontières. Depuis lundi, de nouveaux passages frontières sont ouverts et le regroupement familial est à nouveau possible pour les membres de la famille de citoyens suisses. Il l'est aussi pour les membres de la famille de ressortissants d’États membres de l’UE ou de l’AELE qui vivent en Suisse.
Les demandes déposées avant le 25 mars par les travailleurs en provenance des Etats membres de l'UE ou de l'AELE peuvent être à nouveau traitées. Les prestations transfrontalières pourront avoir lieu si elles se fondent sur un contrat conclu par écrit avant cette date. Ainsi, un monteur en provenance d’Allemagne pourra installer dans une entreprise suisse une machine déjà commandée.
Intérêt économique
Les milieux économiques avaient également lancé un appel à la réouverture des frontières pour assurer la reprise économique. Dans un canton comme Genève, avec 90'000 travailleurs frontaliers, soit 25% des postes du canton, cette main-d'oeuvre est absolument indispensable pour faire tourner les activités, expliquent-ils.
Les entreprises ne peuvent pas se permettre que leurs employés restent bloqués aux douanes par les contrôles comme s'en inquiète Blaise Matthey, directeur général de la Fédération des entreprises romandes.
Mais cette réouverture a aussi ses revers. A Genève par exemple, les 17 douanes ouvertes avec la France ont connu un début de semaine compliquée avec parfois, comme lundi matin, plus d’une heure de bouchons à certains points de passage. En cause notamment: les contrôles effectués auprès des travailleurs frontaliers. Et même si elles ne sont plus systématiques, ces vérifications restent en vigueur de manière plus ou moins soutenue.
Un problème qu'admet Mauro Poggia, conseiller d'Etat genevois en charge de la santé et de l'emploi. Pour lui, la Confédération doit être plus souple, sans quoi le redémarrage de l'économie notamment pourrait en pâtir.
vkiss/vic avec l'ats