Compte tenu des préoccupations que l'élimination des matières plastiques suscite au Parlement et des effets potentiels sur la santé humaine et animale, l'OFEV a élaboré pour la première fois une vue d'ensemble des flux de matières plastiques.
Plus d'un million de tonnes de ces polluants sont utilisées chaque année en Suisse, soit 125 kilos par habitant (chiffres 2010). Alors que seuls 24% servent à fabriquer des objets à durée de vie longue, la majorité de ces matières sont utilisées pour des produits destinés à un usage unique.
Bouts de pneus et littering
L'OFEV estime que 780'000 tonnes de déchets plastiques sont traitées chaque année en Suisse, incinérées ou recyclées. Toutefois, 14'000 tonnes se retrouvent dans la nature.
Dans le détail, la majorité de cette pollution (8000 tonnes) provient des petites particules qui se détachent des pneus de véhicules. Le littering constitue la deuxième plus grande source d'émission, avec environ 2700 tonnes de détritus qui atterrissent à côté des poubelles.
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L'étude pointe encore trois sources principales d'émission de plastiques qui se retrouvent dans l'environnement: le secteur de l'agriculture (1000 tonnes), celui de la construction (900 tonnes) et l'élimination inappropriée de déchets plastiques avec les résidus biodégradables dans les composts (800 tonnes).
Ce sont surtout les sols qui sont touchés en Suisse: près de 80% des particules de pneus se retrouvent par exemple dans les sols, alors que le reste termine dans les cours d'eau et les lacs.
"C'est très inquiétant"
L’Office fédéral de l’environnement ce constat alarmant: "C'est (une quantité) énorme lorsqu'on pense que ces particules sont légères. C'est d'autant plus inquiétant qu'on ne les voit presque pas", réagit Karine Siegwart, vice-directrice de l’OFEV, en charge du dossier "déchets et matières premières", sur les ondes de la RTS.
Ces déchets sont-ils dangereux pour la santé? "Ce n'est pas encore très clair. On a fait des recherches sur des vers de terre, et on a observé une hausse des infections dans les intestins dues aux microplastiques. On a aussi détecté des restes dans les intestins chez des personnes", explique la responsable.
Mise en oeuvre de solutions
La réduction de ces polluants constitue un enjeu majeur pour les autorités: "Les mesures que nous sommes en train d'examiner sont en lien avec l'économie circulaire. Il faudrait premièrement éviter de produire ce genre de déchets grâce à des achats réfléchis, axés sur le long terme", estime Karine Siegwart.
Selon elle, les grands distributeurs ont un rôle à jouer: "C'est à eux de proposer des alternatives dans leur assortiment. Pas seulement avec les emballages, mais avec les produits en plastique tout court."
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L'OFEV entend par ailleurs mettre en oeuvre plusieurs interventions parlementaires, dont une motion déposée par la Commission de l'environnement du Conseil national. Celle-ci réclame des mesures pour lutter contre les atteintes à l'environnement dues aux matières plastiques.
Mathieu Henderson