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La crise pourrait avoir des effets désastreux sur les apprentissages

Un apprenti électricien sur un chantier à Kriens, dans le canton de Lucerne. [Keystone - Gaetan Bally]
Une task force fédérale mise en place pour sauver les apprentissages / La Matinale / 1 min. / le 15 mai 2020
La crise du Covid-19 risque d'avoir des effets désastreux sur la formation professionnelle. Selon plusieurs études, des milliers de places d'apprentissage pourraient disparaître ces prochaines années. Une task force fédérale a été mise sur pied.

Pas de stage en entreprises, pas de salon des métiers, pas d'entretiens, moins de suivi: pendant presque deux mois, les élèves de dernière année sont restés chez eux. Tout le recrutement des futurs apprentis est perturbé, sans compter les places qui disparaissent dans les entreprises les plus touchées par la crise.

La semaine dernière, le Parlement a décidé de soutenir l'apprentissage. Mais au sein de la task force mandatée par le Conseil fédéral, les partenaires sociaux sont divisés.

Suivi renforcé

Laura Perret, de l'Union syndicale suisse (USS), souhaite pour sa part un suivi renforcé des jeunes, mais aussi des incitations financières pour les entreprises formatrices.

"Nous sommes très contents de toutes les entreprises qui continuent à former malgré cette crise, mais nous savons qu'il y a en a qui vont peut-être hésiter à engager de nouveaux apprentis. C'est extrêmement important pour nous que ces entreprises engagent quand même, créent des places, autant pour les jeunes que pour leur relève", indique-t-elle.

Baisse de la demande

Là où certains craignent une disparition de places, d'autres pointent surtout la baisse de la demande. "Chez nos membres, nous ne connaissons pas d' entreprises qui suppriment des places d'apprentissage pour le moment. Mais en effet, depuis la fermeture des écoles, les demandes du côté des jeunes ont diminué jusqu'à 50%. Le problème n'est pas vraiment une question de financement", explique Nicole Meier, de l'Union patronale suisse (UPS).

Comme les représentants patronaux, les cantons les moins touchés se contenteraient de délais d'engagement plus souples. A l'inverse, les autorités genevoises évoquent un manque de 1000 places uniquement dans leur canton, et ont déjà pris des mesures elles-mêmes. L'une des premières missions de la task force fédérale sera d'avoir une image plus détaillée de la situation selon les branches et les régions.

"Réalités cantonales différentes"

"Les réalités cantonales sont différentes. En Suisse alémanique, la signature des contrats d'apprentissage intervient beaucoup plus tôt dans l'année scolaire, ce qui fait qu'une partie a été conclue avant l'arrivée du virus. Du côté latin, ils sont signés plus tard et c'est cela qui complique les choses", précise Christophe Nydegger, chef de l'Office fribourgeois de la formation professionnelle, dans La Matinale vendredi.

Le Fribourgeois fait partie de la task force de la Confédération. "Le fait de simplifier l'administration et d'accepter des élèves qui n'ont pas encore leur contrat, ou de permettre les signatures de contrat jusqu'aux vacances d'automne, selon les cantons, est à mon avis une excellente initiative", estime-t-il.

Etienne Kocher/gma

>> L'interview de Christophe Nydegger dans La Matinale :

Christophe Nydegger évoque les difficultés à venir pour les places d’apprentissages
Christophe Nydegger évoque les difficultés à venir pour les places d’apprentissages / La Matinale / 7 min. / le 15 mai 2020
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Moins de contrats à prévoir

Au cours des cinq prochaines années, entre 5000 et 20'000 contrats d'apprentissage en moins seront signés, selon une étude des universités de Berne et Zurich.

L'impact de la crise du coronavirus dans la formation professionnelle ne sera surmonté qu'en 2025, selon cette étude relayée mercredi par les journaux de CH-Media. Cité dans l'article, Stefan Wolter, co-auteur de l'étude et professeur à l'Université de Berne, souligne que les cantons devront fournir des efforts importants pour faire face à la situation.

"Les élèves qui ont des difficultés scolaires risquent de se retrouver bloqués pendant plusieurs années dans des situations intermédiaires", avertit le scientifique. Alors que lors de la récente crise financière, effectuer une année de transition suffisait, cela ne sera plus possible avec la crise du coronavirus, ajoute le professeur d'économie.