La voiture semble être privilégiée à ce stade, selon les premiers chiffres à disposition de la RTS. Même si Viasuisse relève tout de même que le trafic routier n'est de loin pas revenu à la normale.
C’est relativement tranquille, explique-t-on à la centrale d’information routière située à Bienne. Tout au plus le trafic est-il de nouveau un peu plus important aux douanes, et surtout du côté suisse alémanique, près de Zurich et en Argovie. En Suisse romande et au Tessin, le trafic est encore en deçà de ce qu’il était avant la crise et le confinement.
Confirmation dans les cantons
Les cantons confirment cette tendance. Dans le canton de Vaud, le trafic individuel sur l’autoroute est revenu à 75% du volume usuel, sans les habituels bouchons du matin pour entrer à Lausanne. Le trafic est un peu plus important sur les routes cantonales. La fréquentation des transports publics reste elle encore timide, de 20 à 40% par rapport à la normal. Le M2 à Lausanne est à 30%, alors que l’offre est de nouveau complète.
A Genève, le trafic routier est à 90% de la fréquentation habituelle. Aux Transports publics genevois, c’est 35% seulement. En Valais, on constate aussi une hausse du trafic sur les routes cantonales. Il ne s'agit pas d'un boom, mais le flux est revenu à son niveau d’un an en arrière dans le Haut-Valais et dans les vallées touristiques.
A Fribourg et sur les routes bernoises, la circulation reprend aussi. Une reprise beaucoup plus marquée depuis lundi. Mais sur l’A16 dans le Jura par exemple, il manque encore les bouchons quotidiens sous les Rangiers.
Le trafic avait fondu
Le trafic routier avait littéralement fondu pendant le confinement. Pour s'en rendre compte, il suffit de se plonger dans les chiffres de l’Office fédéral des routes, qui tient à jour des tableaux détaillés. Lors du fameux week-end de Pâques, très ensoleillé, durant lequel tout le monde devait rester à la maison, le trafic avait chuté de 85% au Gothard, par rapport à Pâques l’an passé.
On est passé le jeudi, veille du week-end prolongé, d’un peu plus de 25'000 véhicules dans les deux sens à un peu moins de 4000, y compris les poids lourds. Ces derniers représentaient d'ailleurs à eux seuls cette année la moitié de ce trafic à cause des livraisons.
Risque de report sur la voiture
Le retour des voitures désole et inquiète Caroline Marti, députée PS et vice-présidente de l'Association transports et environnement de Genève: "Il existe un risque réel qu'une certaine partie des usagers des transports publics se reportent sur la voiture, pour des raisons de sécurité liées aux distances physiques, qui ne peuvent pas toujours être respectées dans les transports publics. Avec un risque majeur de conséquences sur l'engorgement de nos routes et la pollution de l'air", a-t-elle expliqué vendredi dans Forum.
Selon elle, il faut mettre en place un certain nombre d'aménagements pour assurer la sécurité de la mobilité douce. Elle se réjouit ainsi de l'élargissement des pistes cyclables réalisé à Genève, car des voies plus larges et mieux sécurisées encouragent les personnes à utiliser le vélo. "J'espère que ça créera un déclic pour inciter certains automobilistes à se mettre au vélo de façon durable."
Trop de place pour les vélos
Pour François Launaz, président d'Auto-Suisse, l'association des importateurs de voitures, les mesures prises à Genève sont au contraire un mauvais signal. "Si les citoyens suivent les consignes du Conseil fédéral de ne pas utiliser les transports publics, il faut laisser de la place pour les voitures sur les routes", plaide-t-il.
Beaucoup de personnes ne peuvent pas venir travailler autrement qu'en voiture, rappelle François Launaz. "Elles arrivent donc en ville dans des bouchons gigantesques, parce qu'on n'a prévu que la moitié du système. On a bouché la moitié de la circulation mais on n'a prévu aucune place pour laisser les voitures dans des parkings à l'entrée de la ville et utiliser des vélos qui seraient mis à disposition".
Sujet et interview radio Gaël Klein et Thibaut Schaller
Adaptation web: Jean-Philippe Rutz