Le Centre suisse de calcul scientifique (CSCS), qui est affilié à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), met en temps normal son immense capacité de calcul au profit de la recherche. Ses processeurs sont toutefois à l’arrêt depuis jeudi matin, après que le centre a détecté ce qui pourrait être un accès illégal à ses systèmes.
Un possible cas d’intrusion “assez inhabituel”, confie son vice-directeur Michele De Lorenzi, qui s’inscrirait dans une vaste cyberattaque qui a déjà paralysé six centres de calculs en Allemagne, et le système britannique Archer, a écrit le Spiegel vendredi.
Interrogée par la RTS, la Centrale d'enregistrement et d'analyse pour la sûreté de l'information de la Confédération (MELANI) confirme enquêter sur cette affaire et précise, sans entrer dans les détails, "que cette attaque est clairement dirigée contre les ordinateurs à haute performance des universités". Selon elle, "il est fort possible que toutes les victimes ne soient pas conscientes de l'attaque".
Derrière le hacking, le Covid ?
Surprise, au centre de cette affaire, si l’on en croit les autorités américaines, le Covid-19. Le FBI a en effet publié mercredi une notice prévenant les centres de recherche que des hackers aux adresses IP chinoises ont été pris à "voler des données de propriété intellectuelle et de santé publique liées aux recherches sur le Covid-19."
Deux projets de recherche sur le Covid-19 ont cours au CSCS. On ignore toutefois si ceux-ci étaient ciblés. Pour les experts, il est trop tôt pour savoir ce que recherchaient ces hackers.
L’EPFL coupe également ses accès
L’EPFL, elle aussi, a coupé l’accès à distance à ses superordinateurs "par mesure de précaution", a indiqué sa porte-parole Corinne Feuz, qui indique que "des investigations sont en cours pour déterminer si l'EPFL a été touchée."
Marc Menichini & Michael Maccabez
Des conséquences limitées
Les capacités de calcul du CSCS sont avant tout mises à profit des sciences fondamentales. L’arrêt temporaire du centre ne devrait pas avoir de conséquences trop graves, selon son vice-directeur, Michele De Lorenzi. “Nos utilisateurs ne peuvent pas accéder aux ressources de calcul, faire des simulations. Mais ce n’est pas un problème opérationnel comme cela pourrait être le cas pour une banque,” relève Michele de Lorenzi.
La Chine dément
La notice des autorités cible “des acteurs liés aux autorités chinoises”. Ces dernières démentent toute implication. Le porte-parole du Ministère chinois des affaires étrangères, Zhao Lijian, a dénoncé “tout effort de sabotage” contre les recherches liées au Covid-19.