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Procès Swissair: les critiques fusent

L'issue du procès Swissair ne surprend pas mais irrite
L'issue du procès Swissair ne surprend pas mais irrite
L'acquittement général dans le procès Swissair n'a surpris pratiquement personne, ni dans le monde politique, ni parmi les syndicats, mais il a tout de même provoqué bien des critiques. Les accusés ont fait part de leur satisfaction.

Seuls les ex-accusés sont évidemment satisfaits. S'il reconnaît
qu'»une mauvaise gestion n'est pas pénalement répréhensible» et que
son issue était attendue, Urs Eicher, le président de Kapers, le
syndicat du personnel de cabine de l'aviation, a ainsi considéré
que les dédommagements versés aux acquittés sont incompréhensibles
aux yeux des «petites gens». (Lire lien ci-contre: "Les 19
ex-dirigeants de Swissair blanchis"
)



Si le procès n'avait pas eu lieu, les frustrations auraient été
amplifiées, pose pour sa part le conseiller national Gerold Bührer
(PRD/SH), également président de l'organisation patronale
economiesuisse. Selon lui, l'intérêt à suivre scrupuleusement le
droit est plus important que les coûts engendrés par le
procès.



Le conseiller national vert Daniel Vischer, par ailleurs
responsable du secteur aérien auprès du Syndicat du service public
(SSP/VPOD), est d'un avis diamétralement opposé. Il pense qu'un
procès «n'était pas le bon moyen de faire la lumière sur le
grounding» de 2001.

«Un château de cartes»

L'affaire relève à ses yeux du droit civil ainsi que de
considérations politiques et morales. L'écologiste, qui a suivi de
l'intérieur toutes les étapes du naufrage, estime que l'accusation
était «construite comme un château de cartes» et que «l'Etat
n'avait pas à s'engager» dans une telle aventure.



L'UDC zurichoise est sur la même longueur d'onde. Elle a réagi en
demandant la tête du procureur Daniel Weber, qui était chargé du
dossier. Elle le tient pour responsable de ce qu'elle considère
comme «une débâcle exemplaire», courue d'avance, payée par des
fonds publics (3 millions de francs de dédommagements, plus
l'instruction et les frais de tribunal, soit largement plus de 7
millions en tout).

Procès civil très attendu

La procédure civile est maintenant attendue de nombreux
observateurs. Il faut voir le procès comme «un échauffement» qui ne
préjuge en rien de l'issue sur le plan civil, a dit le conseiller
aux Etats Hansruedi Stadler (PDC/UR), par ailleurs président de la
Commission de gestion qui a mené l'enquête sur la débâcle de
Swissair. Il souligne que les acquittements signifient l'absence
d'actes pénalement répréhensibles, ce qui ne préjuge rien de leur
part de responsabilité stratégique.



Michel Béguelin (PS/VD) n'espère en revanche pas beaucoup du
procès civil. «Il n'a de sens que s'il y a eu condamnation au
pénal. Je n'en attends pas grand-chose.» Son collègue Jean-Claude
Rennwald (PS/JU), par ailleurs vice-président de l'Union syndicale
suisse (USS), partage cette déception. Il espère néanmoins que le
procès civil permettra quand même de mieux établir les
responsabilités.

«Des gros privilégiés par rapport aux petits»

Si l'UDC zurichoise s'en prend au procureur, le conseiller
national Hans Kaufmann, issu de cette section, pense lui qu'»on
attrape les petits tout en laissant filer les gros». Ce procès a
montré l'indulgence des experts vis-à-vis du monde des affaires,
selon lui.



Les 19 accusés ont pour leur part tous fait état de leur
satisfaction et de leur réhabilitation sur le plan pénal. Mario
Corti s'est dit reconnaissant à la cour d'avoir statué
«sérieusement et avec de hautes compétences économiques». «Le
Tribunal ne s'est laissé mettre sous pression de personne et a
décidé en tenant compte de toutes les circonstances», a dit un
porte-parole du dernier patron de Swissair, relatant la position du
principal accusé.



Le banquier genevois Bénédict Hentsch a lui déclaré: "J'ai
toujours eu confiance en la justice". De son côté, l'industriel du
ciment Thomas Schmidheiny a annoncé son intention d'offrir son
indemnité de 194'000 francs à une oeuvre de bienfaisance.



agences/tac

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«Une farce» pour le liquidateur de Sabena

Le liquidateur de la compagnie aérienne belge Sabena, Christian Van Buggenhout, n'a manifesté aucune surprise à l'énoncé de l'acquittement de tous les accusés du procès Swissair. Il tient cette procédure pour «une farce».

Ce «petit procès» n'a mis au jour qu'une partie de toutes les imbrications d'un groupe international, a-t-il déclaré. Il estime que «les comptes ont été falsifiés beaucoup plus tôt» que le début de la débâcle.

De son point de vue, Suisses et Belges ont droit à la vérité sur la faillite de Swissair, qui a entraîné celle de Sabena dans son sillage. Il attend toutefois davantage de résultats de la procédure civile.

Liquidateur Swissair pas surpris

Karl Wüthrich ne s'est pas montré étonné après l'acquittement général prononcé en faveur des 19 accusés du procès Swissair. Selon le liquidateur de Swissair, le jugement n'aura pas d'effet direct sur la procédure civile. «Je prends acte du jugement, mais ne commenterai pas davantage», a précisé Karl Wüthrich.

L'avocat zurichois estime que sa stratégie est toujours indépendante de la procédure pénale qui s'est déroulée devant le Tribunal de district de Bülach (ZH). Pour mémoire, le liquidateur de Swissair a déjà intenté trois procédures civiles à l'encontre d'ex-responsables du groupe de transport aérien. Au total, Karl Wüthrich leur réclame pas moins de 590 millions de francs.