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Droits bafoués dans la prison de Champ-Dollon

La mutinerie aurait-elle été initiée par des membres du personnel?
La prison de Champ-Dollon est surpeuplée
La volonté politique fait défaut pour mettre un terme aux problèmes de surpopulation de la prison de Champ-Dollon, selon la Ligue suisse des droits de l'homme. Elle dénonce le non respect des droits fondamentaux des détenus.

La Ligue suisse des droits de l'homme Interpellée (LSDH) a
présenté lundi un rapport sur la prison préventive genevoise de
Champ-Dollon. Elle avait entrepris une enquête après avoir été
interpellée par des prisonniers se plaignant de leurs conditions de
détention et des longueurs des procédures judiciaires. Son rapport
confirme certains des problèmes dénoncés, comme un accès restreint
aux soins, aux parloirs et aux places de travail.

Parquet en cause

Les lenteurs de la justice et la longueur des détentions
préventives, parfois supérieures aux peines finalement prononcées,
comptent au premier rang des récriminations. Des détenus font aussi
acte d'attitudes racistes de la part de certains policiers, juges
ou gardiens de prison.



L'organisation constate que les autorités ont conscience des
problèmes, mais qu'elles ne proposent pas de solutions suffisantes.
«Une forte volonté politique de faire respecter les droits
fondamentaux des personnes incarcérées à Champ-Dollon fait toujours
défaut». Pour la LSDH, la solution consisterait à changer la
politique du Ministère public en réduisant le nombre
d'incarcérations préventives. Mais «à aucun moment, une remise en
question de la politique criminelle du Parquet n'a été envisagée
par le procureur général».

Rapport d'experts attendu

Sous prétexte de ne pas «laisser des violeurs dans la rue», on
fait passer les droits fondamentaux et la présomption d'innocence
après l'impératif de sécurité, regrette Doris Leuenberger. La
présidente de la LSDH relève une note positive: la Chambre
d'accusation prononce plus facilement des remises en liberté.



Le rapport de la LSDH est présenté deux jours avant celui des
experts chargés par le Grand Conseil de faire la lumière sur les
doléances des détenus. Selon le député Alberto Velasco, le rapport
des experts sera plus fouillé. Contrairement à la LSDH, les experts
ont pu mener une vraie enquête scientifique grâce à un accès direct
aux données de la police judiciaire et de la justice.



ats/bri

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Pour 148 places, 472 détenus

Seules 148 places de travail sont disponibles alors que la prison a compté en moyenne 472 détenus en 2006.

En raison de ce manque, "les détenus sont confinés dans leurs cellules 23 heures sur 24", dénonce le rapport.

Les services médicaux souffrent aussi d'engorgement.

Un détenu a dû patienter dix mois avant de recevoir un appareil dentaire.

Pas d'entretien avec le chef de la police

Les représentants de la LSDH se sont entretenus avec le chef du Département de justice et police Laurent Moutinot et avec le procureur général Daniel Zappelli.

Leurs démarches pour rencontrer le président de la Chambre d'accusation et le chef de la police sont restées vaines.