Plusieurs arrestations violentes ont fait scandale ces dernières années, notamment à Zurich et dans le canton de Vaud. S'agit-il de dérapages isolés ou d'un problème plus profond? Cette question figure justement à l'ordre du jour de la session du Parlement fédéral.
Le racisme anti-noir se manifeste au quotidien notamment par des fouilles et des interpellations pour demande d'identité, a expliqué jeudi Kanyana Mutombo, secrétaire général du Carrefour de réflexion et d'action sur le racisme anti-Noir (CRAN), dans la Matinale.
Apporter des solutions
On peut appeler cela profilage racial ou délit de faciès. Depuis deux ans, la conseillère nationale verte bâloise Sibel Arslan demande au Conseil fédéral de mesurer ce problème et d'y apporter des solutions. Le Parlement devrait se prononcer sur son postulat dans les jours qui viennent.
"Malheureusement il y a ce problème en Suisse: les personnes qui ont des origines étrangères, surtout les personnes noires, sont davantage contrôlées par la police. Y compris à la frontière. C'est incompréhensible qu'on les chicane davantage, car notre Constitution interdit la discrimination", déplore Sibel Arslan. "Si on ne s'en occupe pas maintenant, on aura vraisemblablement à long terme des problèmes du même genre qu'aux Etats-Unis. L'actualité montre vraiment que c'est un problème dont nous devons nous occuper."
Pas de nécessité d'agir
Le Conseil fédéral, lui, ne voit pas de nécessité d'agir. Les policiers s'appuient sur leur expérience pour faire leurs contrôles, mais les caractéristiques personnelles ne sont pas censées être les seuls critères. La police est d'ailleurs une prérogative des cantons. Un avis partagé par le conseiller national UDC vaudois Michael Buffat, aussi interrogé dans La Matinale: "Il appartient, pour moi, aux cantons de faire les études nécessaires, mais ce n'est pas forcément à la Confédération de s'en occuper."
Pour le Vaudois, "ce sont des choses qui peuvent éventuellement arriver, mais elles ne devraient pas arriver. Si ça devait être le cas, il appartient aux commandants des polices de régler le problème avec leurs employés".
Des discriminations existent aussi dans le monde du travail, estime Kanyana Mutombo. "Mais ce sont souvent des 'infractions' qui restent cachées, car ce n'est pas du tout documenté". Parfois, les gens renoncent aussi à dénoncer certains actes, parce qu'ils ont l'impression que rien ne va changer. Ce sont donc des actes qui restent méconnus, poursuit le secrétaire général du CRAN.
Cerner la situation
Avant même d'envisager davantage de règles ou de prévention, la gauche demande une image complète de la situation. Mais l'idée d'agir à l'échelon national sur ce sujet est loin de faire l'unanimité, même dans le contexte actuel.
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Interview et sujet radio: Romaine Morard et Etienne Kocher
Adaptation web: Jean-Philippe Rutz