L'enveloppe nécessaire aux autres projets se monte à 5 milliards
de francs répartis dans toutes les régions d'ici 2030. Depuis plus
d'une semaine, la troisième voie entre les deux villes lémaniques
occupe le devant de la scène et ils étaient nombreux à appeler à
grands cris sa réalisation.
Pour répondre au trafic dans la région lémanique, le Conseil
fédéral se limite à la réalisation d'une quatrième voie entre
Lausanne et Renens ainsi qu'à des mesures "d'augmentation du
rendement dans le noeud de Lausanne et dans la région de
Genève".
Solde du fond de 30,5 milliards
Prévue dans la 2e étape de Rail 2000, la 3e voie entre Renens et
Coppet n'est plus retenue. Les cinq milliards nécessaires à la
réalisation de la trentaine de mesures prévues représentent le
solde du fonds de 30,5 milliards pour les projets d'infrastructure
des transports publics. Ce fonds englobe les NLFA, Rail 2000, le
raccordement au TGV et les mesures anti-bruit.
Suivant l'évolution des coûts des autres projets, ce montant de 5
milliards devra toutefois encore être légèrement modifié, précise
le Département fédéral des transports. Près de 3 milliards de
francs seront investis en Suisse occidentale, sur le Plateau et
dans le nord-ouest du pays. Un milliard servira à la région
zurichoise et en Suisse orientale. Enfin 800 millions seront
engagés entre Zurich et Lucerne ainsi que dans la région du
Gothard.
Réduction des temps de parcours
Ces investissements ont pour objectifs de réduire les temps de
parcours entre la Suisse occidentale et la Suisse orientale d'une
demi-heure. Bienne, Delémont et Lausanne, en Suisse romande,
constitueront des noeuds ferroviaires permettant de raccourcir les
temps de battement et d'améliorer les correspondances.
Entre les noeuds de Lausanne et Berne ainsi que ceux de Bienne et
Zurich, les temps de parcours seront réduits d'un quart d'heure. Un
gain identique est attendu entre Lausanne et Viège. Les parcours
entre Bâle et Bienne ou Delémont et Lausanne dureront aussi moins
longtemps.
Outre ces projets de développement de l'infrastructure, considérés
comme la continuation de Rail 2000, la vue d'ensemble des grands
projets ferroviaires, demandée par le Parlement, évoque le
financement des nouvelles lignes alpines. Comme il l'a déjà dit en
2004, le Conseil fédéral rappelle qu'il est nécessaire d'augmenter
le crédit nécessaire à leur achèvement. Certains ouvrages prévus
devront aussi être reportés après 2030, comme les tunnels de base
du Zimmerberg et de l'Hirzel.
Marchandises aussi concernées
Le projet de développement de l'infrastructure ferroviaire aura
également des conséquences sur le trafic marchandises. Il garantit
notamment qu'il y aura suffisamment de capacité pour transférer sur
le rail le trafic des marchandises traversant les Alpes. Le
transport intérieur pourra être accéléré.
ats/boi/cab
«BOITEUX ET
PINGRE»
«Le projet proposé par le Conseil fédéral est boiteux et
pingre», a réagi mercredi Ouestrail. Pour l'association de défense
des intérêts ferroviaires de Suisse occidentale, il faut notamment
le compléter par la 3e voie entre Lausanne et Genève.
Dans un communiqué diffusé mercredi, Ouestrail réclame aussi la
réalisation du tunnel de Gléresse (BE) sur l'axe Neuchâtel - Bienne
ainsi que l'aménagement partiel à deux voies du tunnel de base du
Lötschberg.
Ouestrail estime que 7,5 milliards de francs restent disponibles
pour la 2e étape de Rail 2000. Selon l'association, les surcoûts du
Gothard doivent être couverts par une autre source de
financement.
La Conférence des directeurs cantonaux des transports publics
(CTP) salue pour sa part la mise en consultation du programme de
développement de l'infrastructure ferroviaire par le Conseil
fédéral.
La CTP exige cependant que «la maîtrise des problèmes des NLFA»
soit traitée séparément. «Les missions régionales ne devraient pas
disparaître en raison du gouffre financier des NLFA», estime la
CTP. L'Union des transports publics (UTP) s'est montrée du même
avis. «Les moyens doivent être mis à disposition indépendamment des
coûts des NLFA», écrit l'UTP.
Vaud et Genève se battront
Les cantons de Vaud et de Genève vont se battre pour défendre la troisième voie CFF entre Lausanne et Genève et corriger le projet "ZEB".
"Aujourd'hui, aux heures de pointe, les gens voyagent debout sur certains tronçons entre Lausanne et Genève et la croissance prévue de la mobilité entre les deux villes est de 60% entre 2000 et 2020", a souligné le conseiller d'Etat genevois Robert Cramer.
Les Suisses ont accepté le projet Rail 2000 qui comprenait la 3e voie entre Lausanne et Genève. "La Confédération doit tenir les engagements qu'elle a pris face au peuple suisse", a ajouté le ministre écologiste vaudois François Marthaler.
Les deux cantons entendent se battre durant la phase de consultation et durant la phase parlementaire pour corriger le projet.
Daniel Brélaz s'insurge
L'absence de la 3e voie Lausanne-Genève dans la liste des futurs grands projets ferroviaires est «inacceptable», a déclaré mercredi Daniel Brélaz, le syndic de Lausanne.
«Manifestement, on fait payer à tout le pays les surcoûts au Gothard», a-t-il dit. «Le Conseil fédéral fait de l'intégrisme», ajoute l'écologiste. «Est-ce que seules les autoroutes méritent d'être menées à terme?
Il faudrait un crédit de 6 à 8 milliards de francs pour doter la Suisse d'une infrastructure ferroviaire moderne et lutter contre l'augmentation des véhicules privés et la pollution».
Pour Daniel Brélaz, plusieurs régions du pays souffrent d'un sous-équipement ferroviaire. La Suisse romande, devra «faire l'impossible» pour réintroduire les tronçons qui la concernent dont la 3e voie - dans les projets du Conseil fédéral. Tout d'abord lors de la consultation, puis lors du débat aux Chambres fédérales.
Daniel Brélaz a proposé que le canton de Vaud accorde un prêt contre remboursement de 200 millions de francs à la Confédération pour relancer la 3e voie.
«Dans l'immédiat, il serait urgent d'avancer le coût des études - une petite dizaine de millions -, voire de prendre le risque de les investir», a-t-il ajouté.