Jeudi, le Conseil national a éliminé la dernière divergence de la réforme du service civil, un projet lancé par le Conseil fédéral en vue de répondre à la baisse des effectifs de l'armée. Par 104 voix contre 86, il s'est rallié au Conseil des Etats sur le délai d'attente pour les militaires qui se tournent vers le service civil.
Avec la réforme, il faudra attendre douze mois avant de pouvoir quitter l'armée. En outre, les civilistes devront accomplir au moins 150 jours de service. Même les sous-officiers et les officiers admis au service civil devront accomplir une fois et demie le nombre de jours de service militaire. Les médecins ne pourront plus faire de service civil à des postes de médecins.
Le peuple aura certainement le dernier mot
Durant les débats, un clivage gauche-droite s'est rapidement formé et les premiers, au final dans le clan des perdants, ont rapidement annoncé qu'un référendum allait être lancé, afin de permettre au peuple d'avoir le dernier mot.
Les Verts et Civiva, la fédération suisse du service civil, seront à l'origine de ce référendum avec à la clé un débat qui pourrait se cristaliser moins sur le service civil lui même que sur l'armée. Ils seront soutenus par le Groupement pour une Suisse sans armée et le Parti socialiste.
Pour Lisa Mazzone, conseillère aux Etats verte et co-présidente de Civiva, cette loi foule aux pieds le principe de l'objection de conscience. Elle se dit convaincue que la population montrera son attachement au service civil tel qu'on le connaît aujourd'hui.
La récolte des 50'000 signatures nécessaires devrait débuter en juillet.
Deux visions opposées
Pour la droite, ce durcissement viser à éviter que certains ne choisissent le service civil de manière impulsive et ainsi à éviter que l'armée manque d'effectifs dans les années à venir. L'armée aura suffisamment de temps pour mener des entretiens personnels. L'expérience a montré que dans un tiers des cas, les mesures de dialogues ont permis de convaincre les personnes de rester, a souligné Jean-Luc Addor (UDC/VS) au nom de la commission.
Pour la gauche, soutenue par les Vert'libéraux, ce délai est une chicanerie inutile. Il n'est pas nécessaire d'attendre un an pour déterminer s'il s'agit d'un choix de confort ou d'un problème de conscience. Le doute que cette révision jette sur le conflit de conscience "est une insulte pour tous ceux qui choisissent cette voix", a plaidé en vain Fabien Fivaz (Verts/NE).
La pandémie du coronavirus a montré que le service civil permet de servir son pays autrement et ne sert pas à se défiler, a défendu Pierre-Alain Fridez (PS/JU). Durant la crise, quelque 4000 civilistes étaient en train d'accomplir une affectation ordinaire dans les domaines de la santé, du service social ou de l'instruction publique et 400 autres ont été appelés en renfort.
boi avec ats