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Réchauffement climatique: dramatique

Les experts du climat ont finalement pu s'entendre
Les experts du climat ont finalement pu s'entendre
Les experts du climat ont publié vendredi à Bruxelles un diagnostic alarmant des impacts du réchauffement climatique, à l'issue d'une nuit de discussions où plusieurs pays ont contesté leurs conclusions.

"Nous avons juste terminé une réunion marathon, c'était
productif, mais fatigant", a conclu, soulagé le président du Groupe
intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec),
Rajendra Pachauri, lors d'une conférence de presse retardée d'une
demi-heure.

Pénurie d'eau et famine

Au-delà de 2 à 3 degrés supplémentaires par rapport à 1990, le
réchauffement climatique aura des impacts négatifs sur toutes les
régions, a prévenu vendredi le Giec. D'ici 2080, estiment les
experts dans leur rapport de 1400 pages, jusqu'à 3,2 milliards
d'humains seront exposés à des pénuries d'eau sévère et 600
millions à la faim en raison des sécheresses, de la dégradation et
de la salinisation des sols.



Chaque année, deux à sept millions de personnes supplémentaires
pourraient subir des inondations, notamment sur les côtes où la
pression démographique s'accentue et dans les grands deltas
d'Afrique de l'Ouest, d'Asie ou du Mississipi.



Les "populations pauvres, même dans des sociétés prospères, sont
les plus vulnérables au changement climatique, ont souligné les
experts lors de la conférence de presse vendredi. "Ceci requiert
notre attention, car les plus pauvres sont aussi les moins aptes à
s'adapter", a commenté Rajendra Pachauri.

Jusqu'à 30% d'espèces en moins

Les scientifiques ont prévenu que toutes les formes de vie sur
terre seront affectées: "de 20 à 30 % des espèces végétales et
animales connaîtront un risque croissant d'extinction si les
augmentations de la température mondiale dépassent 1,5 à 2,5°C" par
rapport à 1990, indique le rapport.



"Il y a maintenant sur tous les continents des signes du
changement climatique qui affectent les animaux et les plantes et
nous en avons la preuve", a souligné Martin Parry, coprésident du
groupe de travail du Giec sur les impacts du réchauffement, devant
la presse.



La Chine, l'Arabie saoudite, la Russie et les Etats-Unis ont
contesté certains paragraphes du "résumé pour les décideurs", un
texte d'une vingtaine de pages qui synthétise à l'intention des
gouvernements de la planète les 1400 pages du rapport.

Veto chinois

La Chine s'est ainsi opposée à un paragraphe soulignant "le
risque très élevé (...) que de nombreux systèmes naturels soient
affectés par les changements climatiques", selon une source proche
des discussions.



La délégation chinoise a contesté les bases scientifiques du
caractère "très élevé" du risque, selon cette source. En réponse,
un groupe de scientifiques a remis un lettre de protestation à la
présidente du groupe II du Giec, l'Américaine Sharon Hays, en
faisant valoir que son degré de confiance élevé était
scientifiquement établi.

Science remise en cause

Par ailleurs, les Etats-Unis ont demandé et obtenu l'élimination
d'un paragraphe indiquant que l'Amérique du Nord "devrait être
localement confrontée à de graves dommages économiques et à des
perturbations substantielles de son système socio-économique et
culturel", selon un observateur des négociations.



"C'est la première fois que la science est ainsi mise en cause par
les politiques", a remarqué un délégué dont les propos étaient
rapportés par un autre participant. Selon le premier volet de ce 4e
rapport du Giec, publié en février à Paris, la température moyenne
de la terre pourrait gagner 1,1 à 6,4°C d'ici 2100 par rapport à
1990, avec une "meilleure moyenne possible" de 2 à 4°C en vertu des
scénarios socio-économiques envisagés.

La Suisse salue un document très riche

Le rapport des experts mondiaux sur les impacts du changement
climatique publié vendredi sera «très utile» aux politiciens,
estime le délégué suisse José Romero. La Suisse, comme le reste du
monde, doit d'ores et déjà penser à «s'adapter» au réchauffement
climatique.



Citant un rapport publié à la mi-mars par l'Organe consultatif sur
les changements climatiques (OcCC), l'expert suisse a notamment
expliqué que le réchauffement climatique provoquera un recul des
glaciers, un risque de diminution de l'offre en eau et de la
production hydroélectrique, des risques accrus d'éboulements ou de
crues. Il aura également un impact sur l'agriculture, le tourisme
ou la santé humaine, comme l'a montré la canicule de 2003.



Parallèlement à l'étude de l'OcCC, le Conseil fédéral a chargé
l'Office fédéral de l'environnement de préparer un rapport sur la
future politique climatique de la Suisse. Ce texte devrait être
disponible en automne.



afp/tac

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Les menaces qui guettent la planète

Le réchauffement aura un impact fort mais inégal en Europe au cours de ce siècle, affectant surtout le sud, tandis que le nord serait dans un premier temps épargné. Les pays méditerranéens feront face à des risques accrus de sécheresse, des récoltes appauvries et des vagues de chaleur mortelles tandis que les pays situés à des latitudes supérieures subiront davantage d'inondations, mais bénéficieront dans un premier temps d'un allongement des saisons propices aux cultures.

L'Arctique est particulièrement menacé par le réchauffement climatique, avec la fonte attendue d'une grande partie des glaces et du permafrost, tandis que le sort de l'Antarctique reste encore incertain.

Du Mexique à l'Amazonie, la savane gagne sur la forêt en Amérique latine et la désertification s'étend. Sous l'effet des sécheresses à venir, la salinisation et la désertification des terres agricoles menacent la sécurité alimentaire du continent. D'ici 2050, la moitié des terres agricoles pourraient être concernées. Des "dizaines de millions" d'individus seraient exposés à la famine, et 60 à 150 millions aux pénuries d'eau douce.

Le réchauffement frappera l'Amérique du nord sous la forme de vagues de chaleur éprouvantes dans les villes et de tempêtes plus intenses, qui toucheront particulièrement les côtes, à l'instar du cyclone Katrina de 2005.

Le changement climatique infligera à l'Asie inondations, sécheresses et pénuries d'eau, aggravées par les effets de la pression démographique et de l'industrialisation. "Des millions de personnes supplémentaires" seront exposées "chaque année" au risque d'inondations. La fonte des glaciers himalayens va gonfler les rivières du sud de la Chine, d'Asie du sud et du sud-est "pendant plusieurs décennies" et provoquer des éboulements de terrain. Parallèlement, les côtes sont doublement menacées par les crues des fleuves et l'intrusion des eaux marines sous la poussée du niveau des océans.

Le changement climatique va affamer des dizaines de millions de gens et exacerber les pénuries d'eau en Afrique, handicapée par la pauvreté endémique et le manque d'infrastructures institutionnelles. Le Sahel, l'Afrique orientale et australe seront les premières victimes. La sécurité alimentaire sera "sérieusement compromise", avec 80 à 200 millions de personnes supplémentaires confrontées aux famines d'ici 2080. Les récoltes pourraient diminuer dans certains pays africains de 50% en 2020 et même de 90% en 2100.