Cette femelle baptisée "Mouche" ainsi qu'un mâle ont été repérés dans un nid dans le département français de Moselle, indique Wendy Strahm, biologiste et coordinatrice du projet au sein de l'association Nos Oiseaux. La femelle est identifiable par sa bague bleue estampillée PR4 et par ses petites taches noires sur la tête.
"Mouche" fait partie de la volée 2016 de balbuzards réintroduits en Suisse. Depuis le début du projet il y a cinq ans, cinquante jeunes balbuzards ont été relâchés sur les terres de la prison de Bellechasse.
"Arthur", un jeune maladroit
Les mâles de ce rapace migrateur philopatrique retournent en général nicher très près du lieu de leur premier envol. Sur les cinquante balbuzards relâchés en Suisse depuis 2015, quatre mâles sont déjà revenus. Cette année, "Taurus", "Arthur", et un autre dont la bague n’a pas été lue ont été observés alors que "Fusée", qui était revenu en 2019, n'a pas encore fait son apparition.
Vidéo d'un balbuzard en train de faire ses premiers essais de plongée dans le lac de Neuchâtel en août 2018:
"C'est une belle surprise pour "Arthur", se réjouit Wendy Strahm. En effet, le jeune balbuzard s'était distingué par une certaine maladresse avant de prendre son envol pour l'Afrique de l'Ouest. Il était notamment tombé de son perchoir. Etant donné que seuls 20% des balbuzards survivent pendant les deux premières années de vie, les paris ne donnaient pas "Arthur" favori au retour en Suisse.
Un nid de plus d'un mètre de diamètre
Contrairement aux mâles, les femelles ne reviennent pas nécessairement tout près du lieu de leur premier envol. "Mouche" a ainsi opté pour le département français de la Moselle, qui se situe à 200 kilomètres de Bellechasse. Le couple de balbuzards a construit le nid sur un arbre mort à environ 20 mètres de hauteur, explique la biologiste. Ce nid imposant de plus d'un mètre de diamètre a été repéré par un ornithologue qui habite dans les environs.
La confirmation que un ou plusieurs oeufs ont éclos est tombée le 30 mai, selon Wendy Strahm. La femelle a été observée en train de déchiqueter des morceaux de poisson pour nourrir la nichée. S'ils survivent, le ou les jeunes balbuzards pourraient prendre leur premier envol à la fin juillet et migrer vers début septembre.
Première nidification d'ici 2022 ou 2023
L'association Nos Oiseaux espère observer une première nidification en Suisse d'ici deux ou trois ans. Les mâles réintroduits en Suisse doivent réussir à attirer les femelles de passage. Pour maximiser les chances de succès, il faudrait réintroduire au moins une soixantaine de jeunes, dont une grande majorité de mâles.
Une dernière volée de douze balbuzards est attendue d'ici juillet. La moitié provient d'Allemagne et l'autre de Norvège. Comme depuis l'été 2015, Wendy Strahm et des bénévoles s'occuperont de ces jeunes oiseaux jusqu'à leur envol, en évitant tout contact avec l'être humain.
ats/oang
Une volière et 21 plateformes
La volière a été installée près de la prison de Bellechasse, qui a soutenu le projet depuis le début. L'association Nos Oiseaux a également construit 21 plateformes, principalement sur des pins sylvestres, dans la région des Trois Lacs. Ces promontoires visent à attirer les balbuzards dans l'espoir qu'ils y installent leurs nids.
La dernière reproduction de balbuzards en Suisse remonte à 1914. Cette espèce, dont l'envergure peut atteindre 170 centimètres à l'âge adulte, a disparu de l'avifaune nicheuse suisse à cause des braconniers et des collectionneurs d'oeufs.
On peut toutefois encore l'observer en vol pendant la migration. La méthode de "translocalisation" de poussins a déjà fait ses preuves en Grande-Bretagne, en Espagne, au Portugal et en Italie.