«A la fin du siècle, la Suisse connaîtra tous les deux ans des
étés aussi chauds que celui de la canicule de 2003», a déclaré
Andreas Fischlin, directeur du Groupe d'écologie des systèmes
terrestres de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), dans
des interviews au « Temps
» et à la «Basler Zeitung».
Selon lui, «nous n'aurons alors pas assez d'eau dans nos rivières.
Et cela posera problème aussi bien aux agriculteurs et aux
producteurs d'énergie qu'aux simples consommateurs». En outre, le
paysage suisse changera «radicalement», a-t-il ajouté.
Recul des glaciers
Le réchauffement climatique touchera toutefois de manière
différente les diverses régions du pays. «La Suisse est à la fois
avantagée et défavorisée», dit-il. Les régions de montagne seront
touchées par le recul des glaciers et le manque de neige, ce qui
menace le tourisme, ajoute le scientifique.
Les régions de moyenne altitude ont une bonne chance de garder le
même visage qu'aujourd'hui. Les forêts pourraient toutefois
fortement se transformer, les hêtres cédant la place aux
chênes.
Apparition de steppes?
Dans les régions les plus basses, en revanche, on pourrait
assister à l'apparition de steppes, comme dans les régions
méditerranéennes.
«Il n'y aura alors plus d'arbres», affirme Andreas Fischlin, qui a
participé à la rédaction du 4e rapport du Groupe
intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC).
Réduction des émissions de CO2
Le chercheur zurichois plaide pour une réduction rapide et
massive des émissions de gaz à effet de serre. Selon lui, il faut
encourager activement les énergies alternatives et utiliser plus
souvent des matériaux comme le bois.
"Nous ne devons pas perdre de temps", a lancé Andreas Fischlin. Si
l'utilisation des carburants fossiles continue à augmenter, il
existe un risque que l'on doive réduire de 80% les émissions de CO2
dans un délai de 20 ans.
agences/tac
Graves conséquences
Les Alpes sont menacées par la chaleur et la sécheresse, selon le GIEC. Un scénario comparable a été présenté en mars par des chercheurs suisses.
Le GIEC prévoit notamment une extension des plantes à feuilles persistantes au détriment de la flore locale, a indiqué le WWF Suisse dans un communiqué.
La hausse des températures menace également les glaciers. Les plus petits d'entre eux disparaîtront, tandis que les plus grands fondront de 30 à 70% d'ici 2050. De grands lacs se formeront suite au recul des glaciers. En cas de rupture des berges lacustres, de graves inondations pourraient se produire.
Le GIEC prévoit en outre une prolongation de plusieurs semaines des périodes sans neige dans les zones de moyenne altitude. Si le réchauffement atteint 2°C, il faudra compter avec 50 journées supplémentaires sans neige.
Le réchauffement climatique aura aussi un impact sur les fleuves. A l'avenir, au lieu des espèces d'eau froide actuelles, le Rhône pourrait être colonisé par des poissons et des invertébrés provenant de cours d'eau plus chauds.