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Cacophonie dans les opérations séduction des régions touristiques

Deux personnes sur un bateau sur le lac de Constance, le 6 juin 2020. [Keystone - Gian Ehrenzeller]
Cacophonie autour des campagnes touristiques / La Matinale / 4 min. / le 9 juin 2020
Les régions touristiques suisses enchaînent les opérations séduction pour attirer les touristes helvétiques, que Suisse Tourisme tente de convaincre de passer l'été au pays, crise du Covid-19 oblige. Le Tessin et les montagnes devraient être les mieux lotis en touristes cet été.

Vous rêviez de vacances d'été sur des plages lointaines ou de parcourir les Etats-Unis, ou encore d'une virée à Londres... Mais avec la crise du nouveau coronavirus, nombre de projets de voyage sont largement compromis.

Pour convaincre les Suisse de rester au pays après la crise du Covid-19, les acteurs touristiques se livrent à une concurrence acharnée. Chaque région y va de sa compagne de promotion. Jamais les touristes suisses n’auront été aussi courtisés dans leur propre pays.

Cadence mitraillette pour les opérations séduction

Les opérations séduction s'enchaînent à un rythme effréné. Début mai, le canton du Valais a dégainé le premier, avec une campagne décalée. Puis ça a été le tour des Grisons, puis du Tessin, juste avant l'Ascension, qui implorait les Suisses de repasser le Gothard. Le canton de Vaud a de son côté déclaré vouloir "prendre soin de nous", comme le dit son slogan.

Lundi, c'était au tour des Montagnes neuchâteloises. Petit poucet comparé au tourisme alpin, le canton veut néanmoins croire en ses atouts. Les premiers signes sont d'ailleurs réjouissants, notamment du côté des visiteurs alémaniques qui apprécient l'Arc jurassien, selon Cédric Dupraz, membre de l'exécutif du Locle.

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La saison d'été s'annonce pourtant morose. Après la saison d'hiver qui s'est finie en queue de poisson avec l'arrivée du coronavirus, et un printemps catastrophique, la branche essaie de limiter la casse pour cet été. L'objectif est d'attirer le touriste indigène pour remplacer une partie de la clientèle étrangère qui restera chez elle.

Grands espaces et propreté

Cela ne sera toutefois pas suffisant. Sur l’ensemble de l’année, le chiffre d'affaires du secteur pourrait chuter de 35% par rapport à l’an dernier. Si bien que passer ses vacances en Suisse relève désormais de l'acte citoyen, pour soutenir le tourisme.

Du côté de Suisse Tourisme, qui vient de lancer une énorme campagne marketing, avec une aide fédérale de 40 millions de francs, on mise sur les grands classiques: la nature, les grands espaces, davantage de liberté après le semi-confinement.

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On mise également sur l'image d'un pays "propre et sûr", avec un plan de protection efficace face au Covid-19. Un label a même été créé, afin d'inspirer la confiance aux touristes suisses également.

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Une offre élargie, mais pas de baisse de prix

Mais la propreté ne remplace pas toutes les envies d'évasion pour ceux qui avaient prévu de visiter des pays lointains ou qui rêvent de plages paradisiaques. Les professionnels se mettent donc en quatre pour élargir l'offre, sans toutefois baisser les prix.

"Certains hôteliers font des offres 'all inclusive' - à l'instar de ce qui se pratique dans les vacances balnéaires - pour s'adapter aux besoins de la clientèle", illustre Damien Constantin, directeur de Valais/Wallis Promotion.

Le Tessin et les montagnes mieux lotis

Selon Suisse Tourisme, les régions de montagne et du Tessin devraient s'en tirer le moins mal. Les prévisions sont moins bonnes en revanche pour les villes, comme Genève ou Lucerne,très dépendantes des touristes étrangers. Leurs nuitées hôtelières pourraient chuter de moitié.

La réouverture des frontières suisses avec l’Union européenne le 15 juin devrait quant à elle avoir un double impact: moins de touristes suisses, mais davantage de visiteurs européens. Le Valais par exemple va relancer sa campagne marketing à destination du public allemand.

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Martine Clerc/Deborah Sohlbank/kkub

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