La pandémie de Covid-19 n'a pas suffi à remettre à plus tard la politique climatique. Après avoir été jetée aux orties en 2018, la loi sur le CO2 est finalement sous toit. Le Conseil national a donné son aval mercredi à des mesures destinées à réduire les émissions. En première ligne, l'essence et les billets d'avion, qui coûteront plus cher.
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Invitée de La Matinale de la RTS jeudi, la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga se félicite de son adoption. "Pendant la pandémie de coronavirus, on a pu avoir l'impression que la crise climatique avait passé au second plan, mais elle n'a pas disparu. Le Conseil national a fait un excellent travail, très sérieux. Il a donné des réponses qui sont bonnes à la fois pour la population et la protection du climat, mais aussi pour l'économie", a estimé la cheffe du Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication.
"Situation de win-win"
"On ne peut pas enrayer la crise climatique avec un vaccin", avait récemment déclaré Simonetta Sommaruga dans une tribune co-signée avec les présidents allemands et autrichiens. Le traitement passera donc par des taxes qui s'attaqueront à l'essence, au chauffage ou encore aux billets d'avion. "Cette loi ne travaille pas avec des interdictions, mais avec des incitations", nuance la ministre socialiste. "Elle travaille aussi avec des investissements. C'est une vraie chance pour nous: on peut réconcilier protection climatique et investissements. On pourra exporter notre technologie, bonne pour l'environnement. C'est une situation de win-win".
C'est une vraie chance pour nous: on peut réconcilier protection climatique et investissements. On pourra exporter notre technologie, bonne pour l'environnement
Selon elle, il est faux de dire que la nouvelle loi va piocher dans le porte-monnaie des citoyens pour enrayer le réchauffement climatique. "Il ne s'agit pas de taxes où l'argent va dans les poches de la Confédération. La plupart sont remboursées à la population et à l'économie", argue Simonetta Sommaruga, citant l'exemple de celle sur le mazout, qui procure un soutien aux gens qui veulent changer leur chauffage. De quoi les rendre, à ses yeux, "socialement acceptables".
Pas peur d'un fossé villes-périphérie
La ministre de l'Environnement ne craint pas qu'un fossé se creuse entre les villes, bien desservies par les transports publics, et les régions périphériques où il est plus difficile de se passer de voiture. "Les gens qui vivent dans les régions de montagne voient les effets et les risques du changement climatique plus fortement. Dans le fonds climat qu'on va créer avec cette loi, il y a des moyens pour soutenir précisément ces régions-là", pense au contraire la Bernoise, qui souligne au passage que la Suisse, en tant que pays alpin, est touchée plus fortement que d'autres régions du monde par la hausse des températures et les changements qu'elle entraîne.
"La science a maintenant démontré les coûts du réchauffement. Si on ne fait rien, ils seront beaucoup plus élevés. Rien que pour les infrastructures de notre pays, on parle d'un milliard de francs par an si on ne fait pas quelque chose maintenant. La population, elle aussi, va faire ce compte", pronostique la présidente de la Confédération.
La science a démontré les coûts du réchauffement. Si on ne fait rien, ils seront beaucoup plus élevés. La population, elle aussi, va faire ce compte
De nouvelles habitudes
La crise liée au Covid-19 pourrait également faire changer certaines habitudes dans une direction favorable au climat. "On a découvert qu'on peut faire du télétravail et que ça marche quand même. Et si la mobilité change, si les gens prennent davantage le vélo, c'est une bonne chose", remarque encore Simonetta Sommaruga.
Interview radio: David Berger
Adaptation web: Vincent Cherpillod