Le soutien à l'application SwissCovid et au masque obligatoire faiblit, selon un sondage SSR
Alors que plusieurs pays ont rendu obligatoire le port du masque dans certaines situations, les Suisses se montrent toujours plus méfiants envers une telle mesure.
En avril déjà, 53% des sondés était opposée au port du masque obligatoire pour aller faire ses emplettes. Aujourd'hui, ils sont 63% à ne plus vouloir cette contrainte. Ce changement d'attitude est particulièrement flagrant en Suisse romande: si le mois dernier, 55% des Romands la plébiscitaient encore, ils ne sont actuellement plus que 37% à soutenir cette mesure, qui reste toutefois populaire chez 57% des Tessinois.
Dans les transports publics, les sondés sont partagés: 50% estiment qu'on doit pouvoir, au moins ponctuellement, obliger les voyageurs à porter un masque, et 48% sont contre cette possibilité. De manière générale, la crainte du virus s'estompe avec 31% des sondés "pas inquiets" pour leur santé, contre 20% au mois de mars. La peur d'une deuxième vague est également tombée de 51% en mai à 24% actuellement.
Moins enclins à télécharger l'application de traçage
Autre baromètre de l'état d'esprit des Suisses face à la pandémie, l'application de traçage de proximité SwissCovid - voulue par le Conseil fédéral et toujours en phase de test - perd également en popularité: 54% des sondés ont indiqué qu'ils comptaient l'installer, alors qu'ils étaient encore 65% le mois dernier à l'envisager. Le faible nombre de nouveaux cas, mais également le débat sur la surveillance et la protection des données pourraient être à l'origine de cette érosion, analyse le sondage.
L'application doit alerter les personnes l'ayant téléchargée en cas de proximité géographique avec un malade - utilisant lui aussi SwissCovid - et permettre ainsi une mise en quarantaine rapide. Elle ne peut fonctionner que si au moins 60% de la population joue le jeu et la télécharge, ce qui pourrait être compromis si la tendance venait à se confirmer, voire s'accentuer.
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Le Conseil fédéral a la confiance de 66% des sondés
Si les Suisses affirment leur indépendance face à certaines recommandations sanitaires, comme le port du masque ou l'app de traçage, ils sont toutefois loin d'être en porte-à-faux avec les décisions de leurs autorités dans la gestion de la crise sanitaire. La confiance accordée au Conseil fédéral reste stable, depuis le premier sondage le 22 mars où 61% des Suisses disaient avoir une confiance "grande ou très grande", jusqu'à début juin, où le pourcentage atteint même 66%.
Méfiance et mécontentement se sont accrus principalement dans les rangs des partisans de l'UDC, qui sont 35% à n'accorder qu'une confiance réduite ou très réduite au Conseil fédéral, contre 21% au début de la crise. L'appréciation de l'engagement des autorités fédérales connaît également des nuances selon la région linguistique: confiance renforcée en Suisse romande, en légère baisse en Suisse alémanique.
Les différentes étapes et le timing du déconfinement mis en place par le Conseil fédéral récoltent l'approbation d'une large partie de la population, qui les juge parfaits (45%), alors que deux franges quasiment identiques estiment ces mesures trop rapides (27%) ou au contraire trop lentes (28%). La réouverture des écoles, restaurants et services personnels a trop tardé, pour une majorité de sondés, alors que celle des bars et discothèques est jugée prématurée.
Crainte du chômage
Au cours des derniers mois, la situation économique de la Suisse a semblé de plus en plus sombre aux personnes interrogées. Une tendance qui s'est aujourd'hui inversée: le nombre de sondés jugeant la situation économique mauvaise n'est plus que de 44%, contre 57% au mois de mai.
La peur de perdre son emploi gagne en revanche du terrain (20%, contre 12% en avril), en particulier chez les actifs âgés de 35 à 64 ans et chez ceux exerçant un travail temporaire. Cette crainte du chômage est particulièrement marquée dans les secteurs du tourisme et de l'hôtellerie (40%), ainsi que dans la culture et les professions artistiques (36%).
Du côté des indépendants, la situation est toujours précaire: 20% d'entre eux affirment être sans revenus, et 37% font état d'une diminution de leur activité. La situation est particulièrement grave au Tessin (26% sans revenus).
Katharina Kubicek et Victorien Kissling
La moitié des Suisses prêts à oublier bises et poignées de main
Certaines habitudes prises pendant la pandémie de Covid-19 pourraient avoir la vie dure. Une personne sur deux aimerait se passer de bises et de poignées de mains après la pandémie. Cette tendance est particulièrement marquée chez les femmes, les personnes âgées ainsi que dans les cantons latins.
Près d'un tiers des sondés ont également fait savoir qu'ils allaient moins voyager à l'étranger (30%) et réduire leur fréquentation d'événements (28%). Les sondés aimeraient également cuisiner plus souvent (20%), faire davantage de vélo et de sport (16%), ou faire moins d'achats à l'étranger (13%).
Méthode
Le sondage a été réalisé par l'institut Sotomo pour le compte de la SSR du 5 au 8 juin 2020. Au total, 31'011 personnes dans toutes les régions du pays ont participé à l'enquête en ligne. La marge d'erreur est de +/- 1,1 point de pourcentage.