Cette réouverture des frontières divise les commerces helvétiques. Certains d'entre eux ont en effet tiré profit du confinement, en premier lieu la grande distribution, mais également des producteurs locaux – qui ont pour certains constaté une hausse de 30% de leurs ventes – et les jardineries, depuis leur réouverture le 11 mai.
Reste à voir si les clients maintiendront ces habitudes à l'avenir. A Genève, la tentation peut être grande chez certains de reprendre la route pour faire ses achats en France, à quelques minutes de la frontière.
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Se serrer les coudes
"Le tourisme d'achats nous inquiète depuis longtemps, il représente des milliards de francs en Suisse et plus d'un demi-milliard qui part de l'autre côté de la frontière à Genève", indique Sophie Dubuis, présidente de la Fédération du commerce genevois et de Genève-Tourisme. Certains n'ont pas les moyens de faire autrement, reconnaît-elle lundi dans La Matinale. "Mais on espère que la situation de ces derniers temps aura un impact chez d'autres consommateurs. C'est essentiel de dire aux gens de se serrer les coudes pour éviter la perte d'emplois en Suisse", assure-t-elle.
Sophie Dubuis en appelle également à des mesures politiques, comme par exemple descendre la limite des 300 francs du "panier de la ménagère", ou encore limiter l'importation de vin et de beurre.
La crise sanitaire a en effet lourdement pesé sur le secteur de la vente. La fermeture des restaurants a également fait drastiquement chuter les ventes de vin ou de nobles pièces de viande. Les restaurateurs ont eux-mêmes beaucoup perdu, à l'instar de l'hôtellerie, de la construction et de l'industrie d'exportation. Et les prévisions de la Confédération ne rassurent pas: elles n'attendent qu'un lent redressement de l'économie suisse dans les mois à venir.
Importance des forfaits attractifs
Interrogée sur la situation du tourisme à Genève, Sophie Dubuis salue la réouverture des frontières. "En Suisse, sur 17 milliards de nuitées annuelles, 45% viennent de l'étranger, dont 15% des pays limitrophes que sont la France, l'Italie et l'Allemagne", expose-t-elle. A Genève, comme le tourisme d'affaires ne reprendra pas dans l'immédiat, les regards se tournent vers les touristes suisses.
Parmi les stratégies pour attirer le touriste, la notion de terroir a réussi à s'imposer, mais comme la majorité des destinations en Suisse et ailleurs, la ville du bout du lac doit inventer de nouvelles stratégies pour attirer les visiteurs.
"Ce qui est important, c'est de créer des packages attractifs, c'est-à-dire des forfaits avec beaucoup d'activités", conclut Sophie Dubuis.
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