La gauche lance sa campagne "contre un bonus fiscal pour les familles riches"

La réforme, adoptée en septembre par le Parlement, doit permettre aux familles de bénéficier de déductions plus élevées pour les frais de garde des enfants par des tiers (25'000 contre 10'100 francs actuellement). "Ce projet vise à faciliter et à encourager le retour des femmes au travail", a rappelé le vice-président du PS Beat Jans lors d'une conférence de presse.

Mais cela n'a pas suffi au PDC, à l'UDC et au PLR. Ils ont inclus une augmentation de la déduction générale pour les enfants de 6500 à 10'000 francs sur le revenu imposable. Cela n'améliore en rien la compatibilité entre vie familiale et vie professionnelle, estime la gauche.

Cela n’a plus rien à voir avec la prise en charge par des tiers et entraîne des pertes fiscales massives, dénonce-t-elle. Les 10 millions de francs de pertes prévus initialement se transforment en pertes de 370 millions, dont 80 millions devront être pris en charge par les cantons. "Une pure arnaque fiscale sur le dos de la classe moyenne", s'insurge la gauche.

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Laissés pour compte

Près de 45% des familles avec enfants ne paient pas d'impôt fédéral direct. Elles ne tireront aucun bénéfice de la mesure imposée par la droite. Pour une famille avec deux enfants et un revenu de 110'000 francs brut, le projet n'a aucun effet lorsque les deux parents travaillent, a avancé le conseiller national Pierre-Yves Maillard (PS/VD).

Selon le PS et les Verts, seules les familles les plus riches, soit 6%, bénéficieraient de cette déduction. "La survie d'une personne qui gagne un demi-million par an ne dépend certainement pas d'une ristourne fiscale de 910 francs au maximum. La droite mène une "politique clientéliste à l'intention de ceux qui en ont le moins besoin", fustige le Vaudois.

"Il y aurait des idées efficaces et simples à mettre en oeuvre pour atteindre vraiment le but et les besoins des gens", a poursuivi Pierre-Yves Maillard. Un rabais généralisé de 25% sur toutes les primes de tous les enfants de moins de 18 ans à charge des familles pourrait être financé avec les 370 millions du projet, en tenant compte des réductions déjà versées. Pour une famille de deux enfants, la facture pourrait être allégée de 600 francs.

"Prime aux fourneaux"

Par ailleurs, ce projet promeut un modèle familial qui ne correspond pas à la réalité, juge la gauche. Il cimente une image dépassée de la famille et des rôles. Seul un couple marié dont un seul membre travaille peut espérer obtenir la déduction maximale de 910 francs.

Si les deux travaillent, la déduction est de 630 francs au maximum. Pour les couples non mariés, elle n'est plus que de 260 francs, pour le même revenu.

Cela reflète la politique familiale bourgeoise, a regretté la conseillère nationale des Verts Franziska Ryser (SG). La garde par les tiers n'est pas soutenue et les familles avec un seul revenu obtiennent une "prime aux fourneaux".

Poser les bonnes questions

Une politique familiale efficace ne se mène pas au travers d’incitations fiscales. "Comment payer les primes d’assurance maladie? Où trouver un logement abordable? Est-ce qu’il est encore possible de trouver des places libres en crèche?, s'est interrogée Tamara Funiciello, co-présidente du PS Femmes.

Ce sont ces questions qui préoccupent les familles. Quiconque souhaite mener une politique familiale efficace doit commencer par là, et non jeter l’argent par la fenêtre pour rien, a-t-elle conclu.

>> Ecouter le débat en entre Samuel Bendahan (PS/VD) et Olivier Feller (PLR/VD) :

ats/kkub