Le Conseil national a pris cette décision en début de semaine. Il a repoussé à la prochaine session les discussions autour de ces aides - chômage partiel et allocations pour perte de gain -, stoppées fin mai par le gouvernement. En attendant, certains petits patrons peinent à voir le bout du tunnel.
C'est le cas, par exemple, d'Armando Miele, gérant d'un restaurant à Genève. Jusqu'à fin mai, il bénéficiait du chômage partiel pour certains de ses employés. Mais depuis le début du mois, c'est terminé. Une aide qui va manquer, car la situation reste difficile, malgré la réouverture de son établissement.
"La reprise n'a pas été flambante. Nous n'avons pas repris à 100%", a expliqué Armando Miele dans La Matinale. "Nous n'avons pas le même chiffre d'affaires mais toujours le même 'staff', car nous devons suivre les règles des contrats de travail. Donc c'est sûr que c'est compliqué. Nous nous sentons un peu délaissés. Ce que nous avons perdu est perdu."
La viticulture aussi touchée
Autres bénéficiaires des aides, les indépendants qui ne cotisent pas à l'assurance chômage ont eu droit à des allocations pour pertes de gain. Mais là aussi, ces indemnités ont été stoppées net le mois dernier. Un coup dur pour Sophie Dugerdil, vigneronne à Dardagny dans la campagne genevoise.
"Les rentrées d'argent sont hyper faibles. Cela faisait quand même un petit complément qui était le bienvenu. Mais là, sans rien, tout l'été va être compliqué", relate Sophie Dugerdil. "Pour nous aider à survivre, car on en est là, clairement, il faut vraiment que ces soutiens reviennent au goût du jour."
Les PME encore durement touchées
La crise n'est pas finie, argumentent les organisations faîtières romandes de l'économie, et elle touche encore durement les PME. Patrick Linder, directeur de la Chambre d'économie publique du Jura bernois, partage la déception des indépendants et petits entrepreneurs: "Ces aides apparaissent comme l'action minimale pour préserver les capacités de production et au maximum l'emploi", a-t-il souligné dans La Matinale.
Certaines entreprises, comme dans l'horlogerie ou le secteur automobile dans le Jura bernois, ne peuvent plus vendre leurs produits en raison de l'absence momentanée de demande, explique Patrick Linder. Il s'inquiète aussi du fait que les capacités d'innovation sont totalement à l'arrêt actuellement, ce qui engendre des pertes de compétitivité pour la place industrielle suisse.
Le Parlement éloigné de la réalité
Patrick Linder critique la décision du Conseil national de repousser la décision: "On peut se demander s'il perçoit toute la gravité des répercussions économiques. J'ai un peu de regrets, car on aurait attendu une conscience plus proche de la réalité que vivent les acteurs en première ligne. On pense notamment à tous ceux qui luttent aujourd'hui pour maintenir de l'emploi et des capacités de production et assurer la survie de l'entreprise".
Et Patrick Linder de rappeler que le chômage partiel, selon la loi, peut être étendu sur une durée de 24 mois. "Je compte sur la sagacité des conseillers nationaux pour qu'ils reviennent rapidement sur cette décision."
Ne pas se précipiter
L'un d'entre eux, l'UDC vaudois Jean-Pierre Grin, estime qu'il ne faut pas se précipiter: "Il faut évaluer la situation, l'économie doit pouvoir repartir. J'estime que les aides qui ont été données sont déjà substantielles. On pourra décider au mois de septembre si on applique un effet rétroactif sur ces aides, ce qui est possible".
Sujets radio: Romaine Morard, Adrien Krause, Stéphane Deleury
Adaptation web: Jean-Philippe Rutz