Le Parti démocrate-chrétien veut mettre fin à quarante ans de défaites. Il a entamé il y a plusieurs mois une grande réflexion identitaire pour tenter d'inverser la vapeur, via deux enquêtes: l'une auprès des adhérents, à laquelle ils sont près de 10'000 à avoir répondu, mais aussi avec un sondage externe.
Il s'agit de savoir s'il y a en Suisse du potentiel pour un grand parti du centre, qui serait porté par le PDC. Savoir aussi si la référence chrétienne est un obstacle à ce projet. Les résultats détaillés devraient être rendus publics début juillet.
Mais c'est autour du "C" que les débats se cristallisent. Ce n'est pas par hasard que ce chiffre-là du sondage a fuité: 53% des adhérents seraient prêts à renoncer à cette référence chrétienne.
Par ailleurs, 60% des membres du PBD se sont dits favorables en fin de semaine dernière à une telle alliance au centre.
>> Lire : La base du PBD favorable à la création d'un nouveau parti du centre
Un débat émotionnel
Ces réflexions sont récurrentes. Le PDC est tiraillé entre ses ailes sociale libérale et catholique conservatrice. Une vaste enquête avait été menée en 2010 pour tenter de préciser le sens à donner au mot chrétien.
Le débat est assez émotionnel entre ceux qui tiennent au "C" et ceux qui sont prêts au changement.
Le président, Gerhard Pfister, tente un numéro d'équilibriste: ce qu'il souhaiterait, c'est de pouvoir opérer sur le plan national une fusion des forces du centre, avec une nouvelle marque qui permettrait aux non-chrétiens qui se reconnaissent dans une ligne centriste de s'identifier au parti. Et élargir ainsi son électorat.
Mais par respect du fédéralisme, et pour avoir une chance de voir son projet aboutir, Gerhard Pfister prévoit de laisser une certaine autonomie aux cantons. Et de tenir compte des importantes disparités régionales, par exemple entre le Valais et Genève. Ou entre le PDC des villes et le PDC des champs.
Je t'aime, moi non plus
Quant aux négociations sur la création d'un grand parti du centre qui y sont liées, elles ne datent pas d'aujourd'hui: en 2014, un projet d'union avec le PBD avait finalement échoué. Depuis, les "je t'aime, moi non plus" ont été la règle.
Sur le plan parlementaire, PDC et PBD – alliés aux évangélistes – ont déjà concrétisé cette union en créant le groupe du centre après les dernières élections fédérales.
Depuis les précédentes discussions, le Parti démocrate-chrétien a continué à perdre. Il a été dépassé par les Verts au Conseil national et relégué à la cinquième place avec seulement 11% des sièges. Cela pourrait servir d’électrochoc et forcer le parti à se réinventer. Du moins sur le plan national.
Au final, ce sont les délégués qui en décideront, potentiellement en novembre.
Marie Giovanola/sjaq