La décision d'implanter la HE Arc à Neuchâtel a suscité
immédiatement l'ire des autorités de La Chaux-de-Fonds et du Locle
qui la considèrent comme une nouvelle trahison de la région
horlogère. Les autorités de ces deux villes vont convoquer une
séance commune et extraordinaire de leurs législatifs.
Selon les deux villes horlogères, les gouvernements
neuchâtelois, jurassien et bernois alimentent "un modèle
manifestement néfaste pour les régions à faible densité de
population". Il faut "un changement fondamental dans la perception
des Montagnes par le Conseil d'Etat", soulignent encore les deux
villes du Haut du canton.
Le Conseil d'Etat neuchâtelois comprend la déception des villes
de La Chaux-de-Fonds et du Locle après cette décision. Le
gouvernement s'est expliqué vendredi à ce sujet. «Lorsque vous êtes
trois partenaires et que la décision doit être prise à l'unanimité,
il s'agit d'en tirer les conséquences», a déclaré le conseiller
d'Etat Fernand Cuche lors d'une conférence de presse.
Décision à trois
Ce dernier a rappelé que les cantons de Berne et du Jura
excluaient une implantation de la HE Arc ailleurs qu'à Neuchâtel.
«Nous avons dû revoir notre position dans l'intérêt général du
canton», a ajouté le président du gouvernement neuchâtelois. Selon
lui, «il convient d'amener la population à s'identifier au
territoire cantonal».
«Les Montagnes neuchâteloises sont blessées après avoir travaillé
avec nous en toute loyauté», a déclaré de son côté Sylvie
Perrinjaquet. Membre du Comité stratégique de la HE Arc (Costra),
la conseillère d'Etat a négocié la proposition d'implantation à
Neuchâtel avec les partenaires des cantons de Berne et du
Jura.
La solution retenue confirme la décision annoncée en décembre
2006, rejetée alors par le gouvernement neuchâtelois, pour des
raisons politiques. A l'époque, le gouvernement neuchâtelois
s'était distancé des propositions du Costra, en raison de
l'opposition des villes de La Chaux-de-Fonds et du Locle. Celles-ci
estimaient que les Montagnes neuchâteloises devaient abriter le
domaine de l'ingénierie, pour des raisons de proximité
industrielle.
Exigence fédérales
Selon le Costra, l'analyse de la situation menée en 2007 montre
que l'implantation du siège de la HE Arc à Neuchâtel constitue la
solution la plus raisonnable en termes de voies d'accès. En outre,
la décision permet de répondre aux exigences fédérales concernant
l'économicité de fonctionnement et la masse critique
d'étudiants.
Le choix du site d'implantation a été annoncé vendredi à
Neuchâtel, lors d'une conférence de presse, par les conseillers
d'Etat Sylvie Perrinjaquet (Neuchâtel), Elisabeth Baume-Schneider
(Jura) et Bernhard Pulver (Berne). Le projet inclut la construction
du siège de l'école à côté de la gare de Neuchâtel.
Fidéliser les étudiants en ingénierie
Selon Elisabeth Baume-Schneider, la solution retenue permet de
fidéliser les étudiants en ingénierie tentés de s'exiler, du fait
des difficultés d'accès à l'Ecole d'ingénieurs du Locle. En outre,
la centralisation à Neuchâtel n'exclut pas la poursuite d'activités
spécifiques sur d'autres sites du territoire de l'Arc
jurassien.
Le projet retenu prévoit l'implantation de laboratoires et
d'instituts de recherche à La Chaux-de-Fonds et à St-Imier (BE). En
outre, selon la ministre jurassienne, l'implantation à Neuchâtel
comporte des possibilités de synergies avec l'Université et le
Centre suisse d'électronique et de microtechnique (CSEM).
Pour le conseiller d'Etat bernois Bernhard Pulver, le plus
important est d'assurer la pérennité d'une école d'ingénierie dans
l'Arc jurassien. Pour les milieux économiques, cet aspect de la
question est le plus important. Le nouveau bâtiment prévu à côté de
la gare de Neuchâtel est un gage d'attractivité incomparable.
ats/tac/bri
Restructuration des hôpitaux neuchâtelois
Les deux hôpitaux publics de La Chaux-de-Fonds et Neuchâtel se partageront à l'avenir les missions de soins aigus dans le canton. Le Conseil d'Etat a annoncé vendredi ses décisions définitives concernant la réforme hospitalière.
L'Hôpital de La Chaux-de-Fonds abritera un site cantonal unique mère-enfant. Le centre de pédiatrie hospitalière regroupera les activités de gynécologie, obstétrique, néonatologie, ainsi que le traitement des grossesses à risque. Le Conseil d'Etat prévoit d'importants travaux de rénovation de l'hôpital.
Au début de 2007, l'annonce du transfert à Neuchâtel des activités de pédiatrie avait suscité une manifestation de protestation à La Chaux-de-Fonds, à laquelle avaient participé plus de 3000 personnes. Le Conseil d'Etat avait alors décidé de geler le projet.
Présenté par le conseiller d'Etat Roland Debély, le plan de restructuration prévoit la concentration à l'Hôpital Pourtalès de Neuchâtel d'un centre de l'appareil locomoteur. Celui ci regroupera les activités relatives à l'orthopédie, la traumatologie osseuse, la chirurgie vertébrale, la rhumatologie et la neurologie.
La mission des quatre autres hôpitaux du canton sera réorientée sur des activités telles que la gériatrie ou la réhabilitation faisant suite aux soins aigus. Cette décision implique la suppression du plateau de chirurgie de l'Hôpital du Val-de-Travers à Couvet.
En outre, la décision du Conseil d'Etat abolit le partenariat entre Hôpital neuchâtelois (HNe) et l'Hôpital de La Providence à Neuchâtel. Cet établissement indépendant ne recevra plus l'enveloppe annuelle de 17 millions de francs mise à disposition par l'Etat pour son implication dans le système cantonal de santé. Il n'est pas exclu que cet établissement devienne une clinique privée.
Le programme de restructuration doit être achevé d'ici 2015. Les activités de pédiatrie seront transférées provisoirement à Neuchâtel pendant les travaux de réfection de l'Hôpital de La Chaux de-Fonds. La création de 48 emplois et une augmentation du nombre de lits de soins aigus sont prévues dans cet établissement.