Exposé en première ligne, le personnel soignant n’a pas compté ses heures pour faire face à la pandémie. Les hôpitaux ont mis en place des structures d'écoute pour les soutenir et éviter qu’ils craquent. Le CHUV et les HUG ont eu des approches différentes dans le soutien psychologique à leurs équipes.
Le Centre hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV) a ouvert une ligne téléphonique spéciale. Pour les hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), le dispositif Covid-Psy se composait d'une permanence au sein de l'hôpital, d'une hotline mais aussi de séances d'hypnose d'une durée de 30 minutes.
Pour les HUG, entre fin mars et début juin, le service hypno-pause a été très sollicité, un véritable succès. Près de 470 séances ont été prodiguées. Trouble du sommeil, fatigue, difficultés à récupérer, stress d'avoir trop à gérer, voilà quelques-unes des angoisses exprimées.
Une marge de manœuvre retrouvée
Du côté de la ligne téléphonique, 52 personnes ont appelé. Le CHUV a enregistré de 10 à 15 appels. Selon Michaël Saraga, médecin à l'Unité de psychiatrie de liaison du CHUV, les soignants ont globalement bien résisté à la pression.
"Après avoir parlé avec plusieurs cadres de la médecine interne, j’ai l’impression qu’il n’y a pas eu un ‘craquage’ chez les médecins. J’ai l’impression qu’il y a plutôt eu un mouvement de solidarité et un certain élan pour répondre présent et même plutôt un engagement important d’encadrement qui a fait que les gens se sont sentis soutenus et épaulés par leur chef."
"C’est un moment où ils ont retrouvé du ‘pouvoir d’agir’, par rapport aux contraintes bureaucratiques qu’il peut y avoir dans le fonctionnement ordinaire d’un hôpital. D’un coup, il fallait prendre des décisions rapides. Les médecins ont retrouvé une marge d’action avec le sentiment qu’on fait presque plus son métier qu’avant."
Assurer le suivi
Prendre soin des autres, une qualité reconnue du personnel soignant. Elle a été décuplée au plus fort de la crise. Pour le psychiatre Guido Bondolfi, il s’agit d’une réaction typique de la profession médicale. Il s’agit désormais de suivre l'état de santé psychique du personnel.
"On vit maintenant l’après ‘tsunami’. Après avoir été sollicité pendant des semaines de manière très intense, il y a des personnes, dans cette période de calme retrouvée, qui ressente la fatigue et donc montre des signes de détresse. Pour le personnel sanitaire, il y a des signes de fatigue qui se font sentir, même si la menace de l’infection n’est plus aussi inquiétante. Une attention est encore nécessaire".
Les structures d'écoute pour le personnel soignant sont toujours opérationnelles afin d'assurer un suivi dans les mois venir.
Natacha Van Cutsem