Une convocation au tribunal pour une mère de famille préférant garder l'anonymat: elle est en pleine procédure de divorce. Son mari a quitté le domicile conjugal la veille du semi-confinement.
Du jour au lendemain, elle s'est retrouvée seule avec ses enfants, ne pouvant communiquer avec son avocate que par mail ou par téléphone. Désormais les audiences non-urgentes ont repris, elle et son mari sont convoqués par le juge à la fin du mois: "J'appréhende la première audience: on ne sait jamais à quelle sauce on va être mangé", dit-elle. "Ce n'est pas quelque chose avec laquelle je suis familière".
Une situation inédite pour de nombreux couples mais également pour les avocats spécialistes dans le droit de la famille.
Depuis la fin du confinement, l'avocate genevoise Anne Reiser reçoit plus d'une dizaine de requêtes de divorce par jour, c'est plus du double qu'en temps normal: "Cette espèce de huis clos a finalement été un révélateur des relations dans lesquelles les gens interagissaient", analyse-t-elle. "On a vraiment la sensation d'un train lâché à grande vitesse de requêtes et une espèce d'impatience des gens. Ils ont besoin d'autre chose et nous, on accueille et on travaille beaucoup".
Le divorce en ligne
Même constat pour les sites de divorce en ligne. Ces deux derniers mois, ils ont connu un pic d'affluence avec une augmentation des visites de 39% en avril, c'est un record pour easydivorce.ch.
Le site divorce.ch a constaté une augmentation de 68% de conventions finalisées en mai.
Du côté des tribunaux, la vague n'est pas encore perceptible: les procédures peuvent durer plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Mais une chose est sûre, le semi-confinement n'a pas été sans conséquence pour les couples.
Depuis dix ans, 16'000 divorces en moyenne sont prononcés chaque année en Suisse. Il faudra attendre la fin de l'année pour savoir si 2020 fait figure d'exception.
Fanny Moille/sjaq