Les deux organisations, à l'instar de l'association faîtière
Integration Handicap, refusent toutefois de donner une consigne de
vote pour le 17 juin. Par respect pour les personnes touchées par
cette révision et en raison des dissensions qu'elle suscite, a
expliqué mercredi à Berne Martin Boltshauser, membre de la
direction de Procap.
Plus d'avantages que d'inconvénients
Il s'agit de ne pas accroître le fossé qui s'est creusé avec les
autres organisations d'aide aux personnes handicapées qui
combattent la révision de la loi, a dit le chef de la communication
de Pro Infirmis Mark Zumbühl. Mais sur le fond, les avantages du
texte soumis aux citoyens plaident en sa faveur, ont argumenté les
deux hommes.
Face au gouffre financier dans lequel est plongée l'assurance
invalidité, il est urgent de prendre des mesures pour la sauver.
Seul un mélange d'économies et de nouvelles recettes peut y
parvenir, a indiqué Martin Boltshauser devant les médias.
La 5e révision permet de réduire les dépenses en proposant en
particulier des nouvelles mesures pour inciter les employeurs à
engager des personnes handicapées ainsi que des instruments de
détection précoce pour éviter que des employés se retrouvent à
l'AI.
D'un autre côté, elle demande des sacrifices aux invalides, avec
par exemple l'abandon des rentes complémentaires.
Etat d'esprit à changer
Procap va s'engager pour que ces mesures deviennent une réalité,
mais dans le fond, c'est tout un état d'esprit qui doit changer, a
dit Martin Boltshauser. Il appelle ainsi les personnes handicapées
à faire des efforts, par exemple en étant prêtes à changer leur
orientation professionnelle. Quant aux employeurs, ils doivent
assumer leur responsabilité sociale.
Procap aurait préféré que la 5e révision oblige ces derniers à
embaucher des invalides. Si les mesures d'incitation ne suffisent
pas, il faudrait revoir ce point en introduisant par exemple un
système de bonus-malus, a affirmé Martin Boltshauser.
Points négatifs
Selon Martin Boltshauser et Mark Zumbühl, la 5e révision
comporte un certain nombre de points négatifs comme la suppression
de la rente complémentaire pour conjoint et du supplément de
carrière.
La possibilité d'annoncer une personne contre sa volonté au
système de détection précoce est également critiquée. Quoi qu'il en
soit, tous ces efforts ne serviront à rien si la dette de l'AI
n'est pas épongée au plus vite, a ajouté Hans Frei, vice-président
de Procap.
Et de regretter que le Conseil national ait refusé lors de sa
dernière session les mesures de financement additionnel proposées.
En cas de nouvel échec au Conseil des Etats, une 6e révision plus
dure encore est à craindre, a-t-il dit.
Procap est la plus grande organisation d'entraide de personnes
handicapées en Suisse et compte quelque 21'000 membres. De son
côté, Pro Infirmis propose des conseils, des cours et de l'aide à
environ 20'000 invalides ou à leurs proches.
ats/tac
La révision sous la loupe
La dette de l'AI à fin 2006 s'élevait à 9,3 mrds de fr. (intérêts: 221 mio). L'OFAS a enregistré 19'600 nouvelles rentes en 2006 pour un total de 257'200 rentes.
La 5e révision vise à alléger le budget de l'AI de 596 mio de fr. en moyenne chaque année jusqu'en 2025. De cette manière, l'AI atteindrait l'équilibre financier dès 2009 et aurait épongé sa dette d'ici 2024.
Pour y parvenir, la révision prévoit de réduire de 30% le nombre de nouveaux rentiers par rapport à 2003, grâce à une définition plus restrictive de l'invalidité, ainsi que de diminuer certaines prestations.
Une petite organisation d'aide aux handicapés a lancé un référendum contre cette révision, avec le soutien des Verts. Selon elle, seules les personnes atteintes dans leur santé en feront les frais, car il est inadapté à la réalité économique et sociale.
La coordination nationale qui milite contre la révision est convaincue que la nouvelle loi conduira à un démantèlement social, à des discriminations et à des tracasseries.
Le système de détection précoce et les mesures d'intégration défendus par le gouvernement et la droite pour promouvoir l'insertion professionnelle plutôt que le versement d'une rente ne tiendront pas leurs promesses, prédit-elle.
Le comité partisan de la révision estime lui que celle-ci est «raisonnable et responsable» et qu'elle permettra d'enrayer la progression «effarante» du nombre de rentes. Selon lui, la réforme ne va pas se faire contre les personnes invalides mais en leur faveur.
Les représentants du comité insistent sur la nécessité de corriger la philosophie de l'assurance invalidité en privilégiant la réadaptation.