Karin Keller-Sutter lance la campagne contre l’initiative "pour une immigration modérée"
L'initiative "pour une immigration modérée" de l'UDC aurait de graves conséquences pour l'économie helvétique si elle était acceptée par le peuple, a plaidé Karin Keller-Sutter, devant la presse à Berne. La conseillère fédérale était entourée de représentants des syndicats et du patronat, tous opposés au texte lancé par l'UDC et l'ASIN, soumis en votation populaire le 27 septembre 2020.
C'est l'approche bilatérale entre la Suisse et l'Union européenne qui est en jeu, a ajouté la cheffe du Département de justice et police.
Selon Karin Keller-Sutter, l'économie suisse est florissante grâce à la voie bilatérale. Avec la crise du coronavirus, les entreprises ont besoin de stabilité, et non d'expérimentations risquées, a-t-elle relevé.
"Il faudra se battre", a prévenu la ministre au micro de Forum, faisant référence à l'acceptation par le peuple de l'initiative sur l'immigration de masse, ajoutant que le risque est encore plus "sévère" lors de cette prochaine votation, notamment en ce qui concerne les bilatérales. "C'est de toute manière faux d'aller dans ce sens, que ce soit avant ou après le coronavirus", a-t-elle ajouté, évoquant des conséquences importantes sur le marché du travail.
Main-d'oeuvre locale soutenue
Le Conseil fédéral veut limiter l’immigration au strict minimum et il encourage et soutient par plusieurs mesures déjà le potentiel que représente la main-d'oeuvre en Suisse.
Karin Keller-Sutter était accompagnée ce lundi par des partenaires sociaux de gauche comme de droite. "La libre circulation touche les cantons et les partenaires sociaux", a-t-elle noté sur la RTS pour expliquer cette vaste alliance contre ce texte.
Hans-Ulrich Bigler, directeur de l'Union suisse des arts et métiers, a estimé qu'il était irresponsable de vouloir couper les PME d'un important bassin de recrutement de main-d’oeuvre spécialisée. Le conseiller national Pierre-Yves Maillard (PS/VD), président de l'Union syndicale suisse, a craint que l'objectif de l'initiative ne soit pas la limitation de l'immigration, mais la péjoration des conditions de travail et des salaires.
L'effet du Covid-19 sur la campagne de votation
La politique se nourrit des aléas de l'actualité. Il est donc difficile de faire abstraction du contexte d'une crise sanitaire qui n'est pas encore terminée.
Hausse du chômage et de l'immigration, importance des contrôles aux frontières: ces arguments sont déjà au centre du discours de l'UDC.
Une stratégie dénoncée par le conseiller national Roger Nordmann (PS/VD) qui estime que, dans une situation sanitaire et économique difficile, ce n'est pas le moment de rajouter des problèmes "en cassant des accords bilatéraux qui fonctionnent bien depuis une vingtaine d'années avec l'Europe".
Pour la conseillère nationale Céline Amaudruz (GE/UDC) en revanche, ce qui va changer, c'est que les gens n'auront plus peur aujourd'hui de dire: "les Suisses d'abord", "les personnes domiciliées en Suisse d'abord". Ce ne sera plus un tabou, estime-t-elle.
Enfin, pour le politologue Claude Longchamp, plusieurs éléments auront un effet sur la campagne: l'instabilité d'abord, la crainte d'une deuxième vague, mais aussi les dettes liées au coronavirus. L'impact de la crise se fait sentir et il pèsera forcément d'une manière ou d'une autre sur la campagne, conclut-il.
Camille Degott/ddup avec ats
L'initiative "pour une immigration modérée".
L'initiative "pour une immigration modérée", dite initiative de limitation, exige la fin de la libre circulation des personnes avec l'UE pour assurer la mise en oeuvre du texte contre l'immigration de masse, accepté en 2014 par le peuple. La votation initialement prévue le 17 mai a dû être reportée à cause de la pandémie de Covid-19.