La règle veut que les raffineries installées en Suisse doivent s'assurer que l'or qu'elles importent est légal. Mais elle n'est pas très contraignante: les sanctions prévues sont légères (2000 francs d'amende au maximum) et les lois sont lacunaires, relève le Contrôle fédéral des finances (CDF). L'or importé pourrait donc provenir théoriquement de mines qui violent les droits humains, par exemple.
Manque de transparence des statistiques
Le CDF financier suisse constate aussi des problèmes lors des contrôles aux frontières, et notamment un défaut de transparence dans les statistiques sur les importations du métal jaune. L'or bancaire et l'or minier sont inscrits dans une même catégorie, ce qui complique la tâche des autorités qui doivent détecter les cas à surveiller.
Le Contrôle fédéral des finances émet plusieurs recommandations pour résoudre ces manquements - au grand bonheur de plusieurs ONG. Mais ces organisations souhaiteraient aller plus loin encore, en engageant la responsabilité des entreprises importatrices. C'est ce que réclame l'initiative pour des multinationales responsables, sur laquelle le peuple suisse votera sans doute en novembre prochain.
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La branche prête à se conformer
Du côté des entreprises concernées, le président de l'Association suisse des fabricants et commerçants de métaux précieux ne voit pas d'inconvénient à un durcissement des sanctions.
"Si les choses sont clairement définies et bien claires pour la branche, en accord avec les autorités, il n'y a aucun problème quant à la sanction parce qu'elle est connue et chaque entreprise doit faire le nécessaire pour s'y conformer", assure Cédric Léger dans La Matinale.
En revanche, il refuse d'aller aussi loin que certaines ONG qui réclament que les raffineries publient le nom de leurs fournisseurs: "Il est clair que lorsqu'il y a une divulgation, étant donné que c'est un domaine très compétitif, nous donnons une information aux concurrents, ce que nous ne souhaitons pas. D'où notre retenue sur une information trop détaillée", explique-t-il.
De son côté, Marc Ummel, responsable des matières premières à l'ONG Swissaid, interrogé dans La Matinale de mardi, dénonce le manque de volonté des raffineries. "Au lieu d'avoir des relations directes avec certaines mines, on passe, pour cacher l'or
igine de l'or, par des pays intermédiaires, c'est par exemple le cas en Amérique du Sud avec de l'or du Venezuela qui passe par Curacao et qui est ensuite importé en Suisse. Ce détour fait qu'on a de la peine à tracer l'origine de l'or".
Pour pouvoir contrôler l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement, il est nécessaire d'avoir des relations directes avec les mines, a-t-il précisé.
Marielle Savoy/oang