Conseil fédéral, patronat et syndicats étaient côte à côte lundi pour présenter leurs arguments contre l'initiative de l'UDC dite de limitation. Ce texte, soumis au peuple le 27 septembre, veut mettre fin aux accords de libre circulation entre la Suisse et l'Union européenne.
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Interrogée dans La Matinale de mardi, Aude Pugin, CEO d'APCO Technologies, spécialisée dans l'industrie spatiale et présidente de la Chambre vaudoise du commerce et de l'industrie (CVCI) votera "non à cette initiative parce que je crois à une Suisse ouverte sur l'Europe et le monde".
L'UE est notre marché principal, a-t-elle rappelé. "Il y a 97'000 entreprises exportatrices en Suisse et 90% d'entre elles sont des PME. Cela représente des milliers d'emplois, il est absolument essentiel pour nous de continuer à avoir accès à ce marché".
"Un régime spécial"
Il ne faut pas oublier que cette initiative prévoit que la Suisse devra dénoncer la libre circulation et renégocier avec l'UE. "Si l'UE n'accepte pas de rediscuter, ce qui est quand même vraisemblable, il y a six autre accords bilatéraux qui vont tomber et ces accords règlent notre accès au marché intérieur de l'UE", a encore déclaré la présidente de la CVCI.
L'UE n'a-t-elle pas tout intérêt à maintenir ces accords? "Nous sommes le seul pays au sein de l'Europe à avoir ce régime spécial. Ces accords ont été patiemment, habilement négociés pour et dans l'intérêt de la Suisse. Y renoncer actuellement aurait des conséquences négatives pour notre économie", selon Aude Pugin. "Nous sommes un partenaire fiable pour l'UE mais il ne faut pas surestimer notre effet de levier", a-t-elle précisé.
La cheffe d'entreprise a également relevé que "malgré la fermeture de nos frontières pour des raisons sanitaires, nous avons laissé passer des travailleurs frontaliers, qui étaient nécessaires au fonctionnement de notre économie. Dire 'on peut résoudre le chômage intérieur en ne faisant plus venir de main d'oeuvre étrangère' est erroné".
"C'est l'économie qui a le plus à perdre en acceptant cette initiative, il est donc normal de faire parler tous les partenaires sociaux. Syndicats et patronat ensemble, cela montre l'importance du bien-fondé de la continuité des accords bilatéraux pour la Suisse", a conclu Aude Pugin.
Propos recueillis par David Berger/lan