Augmentation des tensions, prolifération des conflits armés, menace terroriste, affaiblissement des organisations internationales, augmentation des cyberattaques ou réchauffement climatique et catastrophes naturelles à répétition: la menace évolue constamment et "mon devoir est de protéger la population contre ces attaques", a lancé la ministre devant les médias.
La Suisse a besoin d'un dispositif de sécurité large qui permette de répondre à chaque menace. Les avions de combat font partie de ce dispositif afin de protéger la population face à des attaques provenant du ciel.
Invitée dans Forum, Viola Amherd a rappelé la nécessité de se préparer à toute éventualité: "La crise du Covid-19 a montré qu'on doit être prêt pour toutes les menaces. Si j'avais dit il y a six mois que l'on devrait mobiliser l'armée pour une pandémie, tout le monde m'aurait répondu que ce n'est pas possible, pourtant on a dû le faire. Personne ne sait comment sera la situation dans 20 ou 30 ans."
Avions de combat "nécessaires"
L'armée de l'air a de nombreuses tâches pour lesquelles des avions de combat sont nécessaires, a assuré Viola Amherd. Ils sont utilisés au quotidien pour le service de police aérienne. L'armée doit pouvoir intervenir si un avion se trouve en situation critique ou s'il viole les règles. Lorsque Genève accueille une conférence internationale sur la paix, des avions doivent en permanence être dans les airs.
L'armée doit également pouvoir contrôler de manière plus intense ses frontières en cas de tensions dans les environs et s'assurer qu'aucun appareil militaire étranger ne survole le territoire. Elle doit aussi protéger son espace aérien en cas d'attaque directe.
Protection de l'espace aérien
Et la ministre d'avancer que les avions légers ou les hélicoptères sont inutiles face à ces menaces. Ils ne valent rien pour le service de police de l'air et encore moins pour protéger la Suisse en cas de crise. Ils ne volent pas assez haut, sont trop lents ou n'ont pas les radars et les armes nécessaires.
Sans la protection de l'espace aérien en cas de conflit, les troupes à terre ne peuvent pas être employées efficacement, a encore rappelé Viola Amherd. L'armée doit être polyvalente et dotée d'un équipement moderne.
Avions actuels trop vieux
Les avions de combat actuels arriveront à la fin de leur durée d’utilisation au plus tard vers 2030. Les 26 Tiger ont 40 ans. Ils ne peuvent servir qu'à la formation et ne volent que de jour et par beau temps. Les F/A-18 doivent également être utilisés avec parcimonie afin d'en prolonger la durée de vie, a expliqué Mme Amherd. Et de comparer ces avions au premier modèle de téléphone portable créé en 1978 et qui pesait 28 kilos.
Quatre jets ont été évalués entre avril et juin à Payerne (VD) pour les remplacer. Le français Rafale (Dassault), l'européen Eurofighter (Airbus) et les deux avions américains: le successeur du FA-18, le Super Hornet de Boeing, et le F-35A de Lockheed-Martin.
Le 27 septembre, les Suisses ne se prononceront ni sur le modèle d'avion ni sur leur nombre mais uniquement sur le principe de l'achat. Le Conseil fédéral se prononcera sur le type de jet après le scrutin populaire.
Une enveloppe de six milliards de francs est prévue pour acheter les nouveaux avions de combat. La culture, la formation, la santé ou le social ne devront rien concéder à cause de cette acquisition.
Dépense "luxueuse"
Le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) le PS et les Verts ont lancé le référendum contre une dépense jugée "luxueuse". Durant l'ensemble de leur durée de vie, ces avions coûteraient jusqu'à 24 milliards de francs aux contribuables, selon l'estimation des référendaires; 18 milliards, d'après le Département fédéral de la défense.
>> Lire aussi : Le référendum contre les nouveaux avions de combat est déposé
ats/kkub
60% d'affaires compensatoires
Les entreprises étrangères qui obtiennent des mandats dans le cadre de l'acquisition doivent compenser 60% de la valeur du contrat en Suisse. 20% des affaires seront compensées directement et 40% indirectement dans le domaine de la base technologique et industrielle en lien avec la sécurité, a indiqué Viola Amherd.
Pour les compensations indirectes, la liste a été élargie à onze industries, incluant notamment l'industrie horlogère. 65% des compensations reviennent à la Suisse alémanique, 30% à la Suisse romande et 5% à la Suisse italienne. Ces contrats permettront de renforcer les PME actives dans la technologie et l'industrie, a avancé la ministre de la Défense.